Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/386

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chute de la pluie ou le souffle du vent, je pensai à cette figure solitaire que nous avions tout-à-coup perdue de vue au milieu de la lumière du soleil couchant, et je répétai tout bas ces paroles du triste pèlerin : « Je vais la chercher loin, bien loin… Si quelque malheur imprévu m’arrête en chemin, souvenez-vous des dernières paroles que je vous laisse pour elle : Je n’ai jamais cessé d’aimer ma bien-aimée fille, et je lui pardonne. »

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CHAPITRE XIX.

Félicité.


Pendant tout ce temps-là j’avais continué d’aimer Dora plus tendrement que jamais. La pensée de Dora était mon refuge dans les heures de mes déceptions et de mes chagrins. Elle me consolait par moments de la perte de mon ami. Plus je me lamentais sur moi ou sur les autres, plus j’évoquais à mon secours l’image de Dora. Plus le monde entier m’apparaissait comme le sombre réceptacle de tous les malheurs et de toutes les trahisons, plus l’étoile de Dora rayonnait éclatante et pure au-dessus du monde. C’était pour moi une créa-