Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/395

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pas marié du tout. À sa grande satisfaction, le tribunal se trouva de son avis.

J’avoue que je doutais, quant à moi, de la justice de cette sentence. J’allais me permettre de faire part de mes objections à mon patron, quand celui-ci, qui se trouvait d’une humeur charmante depuis le matin, me dit que c’était dans huit jours l’anniversaire de la naissance de Dora, et il m’invita à être du petit pique-nique qu’il donnait à cette occasion. J’oubliai aussitôt Thomas Benjamin et son Ariane, j’oubliai bien d’autres choses dans l’ivresse du moment, et le lendemain je faillis perdre tout-à-fait la raison en recevant un petit billet contenant ces simples mots : « Pour rappeler à M. David Copperfield l’invitation de papa. » À vrai dire, je passai le reste de la période des huit jours dans le délire.

Par combien d’absurdes préparatifs je cherchai à me rendre digne de l’heureux événement. Quelles cravates je choisis ! Mes bottes auraient pu être placées dans une collection d’instruments de tortures. La veille, j’envoyai, par la voiture de Norwood, une délicieuse corbeille dont la forme était déjà presque une déclaration. Elle contenait des bonbons en papillotes avec les plus tendres devises. À six heures du