Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/396

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matin, j’étais au marché de Covent-Garden achetant un bouquet pour Dora ; à dix heures je montais un fringant coursier loué pour ce voyage, avec le bouquet dans la coiffe de mon chapeau, afin de l’offrir dans toute sa fraîcheur.

Qui m’expliquera pourquoi, apercevant Dora dans le jardin, je feignis de ne pas la voir et de ne pas reconnaître la maison ? Folies que d’autres ont commises au même âge et dans les mêmes circonstances ! Mais la maison fut enfin reconnue, je descendis de cheval à la grille, je foulai sous mes bottes étroites la pelouse verte, et je me dirigeai vers le berceau de lilas où Dora était en capote blanche, en robe bleu-céleste, au milieu des papillons.

Auprès d’elle, sur le même banc, se trouvait une jeune dame… comparativement très âgée, — une demoiselle de vingt ans, — nommée Miss Julia Mills, l’amie intime de Dora. Heureuse Miss Julia Mills !

Jip aussi était là, et Jip voulut encore aboyer contre moi. Quand j’offris mon bouquet, il grinça des dents avec jalousie. Non, Jip, tu n’avais pas tort si tu avais la moindre idée de mon adoration pour ta maîtresse.

« — Ah ! je vous remercie, Monsieur Cop-