Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/449

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regardant d’un air réfléchi, voici le plan ingénieux dont nous nous avisâmes Traddles et moi.

Sur une table nous mettrions le document à copier, sur une autre l’éternel Mémoire au lord-chancelier. M. Dick copierait exactement le document jusqu’à ce qu’il se sentît trop fortement tenté d’y glisser une allusion au roi-martyr, et alors, passant de la première table à la seconde, ce serait dans le Mémoire qu’il céderait à la tentation. Cet expédient réussit sous la surveillance de ma tante, et si bien, qu’au bout de la semaine, M. Dick avait gagné neuf shellings six pence. Je n’oublierai jamais la joie triomphante avec laquelle il offrit à sa bienfaitrice ce salaire de son travail.

« — Nous n’avons plus à craindre de mourir de faim ! » s’écria-t-il, « je me charge de pourvoir à tout. »

Traddles était présent à cette explosion d’enthousiasme qui lui fit presque autant de plaisir qu’à moi.

« — Il faut, » me dit-il, « que je vous communique la lettre d’un autre ami qui se croit aussi sur le grand chemin de la fortune, » et il tira de sa poche une épître dont le style révé-