Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/462

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nouillai auprès d’elle, je m’arrachai une touffe de cheveux, je m’accusai d’être un brutal, un homme sans cœur. — « Ouvrez les yeux, Dora, par pitié ! et pardonnez-moi ! »

Je bouleversai la boîte à ouvrage de Miss Julia Mills pour y chercher un flacon d’odeurs, et, dans mon délire, ce fut un étui d’ivoire que j’ouvris ; je vidai toutes les aiguilles sur Dora. Je menaçai Jip de mes poings fermés ; Jip extravaguait comme moi, et j’allais, en vérité, devenir fou, quand Miss Julia Mills entra dans le salon où elle nous avait laissés en tête-à-tête.

« — Ciel ! » s’écria-t-elle en volant au secours de son amie, « que lui est il donc arrivé ?

» — Miss Julia, » répondis-je, « vous voyez le misérable qui a tué Dora ! » Et, après cet aveu d’un désespoir qui s’accuse lui-même, je me couvris le visage comme indigne de la clarté du jour.

D’abord Miss Julia crut que c’était une scène de querelle ; mais ma tendre Dora se jeta à son cou, puis se jeta au mien, pleurant sur ma ruine et mes malheurs, sanglotant et me demandant de recevoir tout son argent : elle comprit alors qu’il s’agissait de quelque événement plus grave.