Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/107

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très frappé du contraste qu’offrait sa personne avec celle de sa petite compagne et se faisant l’effet d’un géant stupide ; elle, au contraire, évidemment très rehaussée dans sa propre estime par l’habileté avec laquelle elle avait su le tirer d’embarras.

« Je suppose que nous aurons à dîner lorsque nous serons arrivés chez toi ? dit Polly.

— Eh mais, je… Eh bien, oui, au fait, je le crois aussi.

— Aimes-tu ton dîner, toi ?

— Mais, tout bien considéré, répondit Barbox frères, il me semble que oui.

— Moi, j’aime beaucoup le mien, affirma Mlle Polly. As-tu des frères et des sœurs ? demanda-t-elle ensuite.

— Non. Et, vous, en avez-vous ?

— Les miens sont morts.

— Oh ! » telle fut la réplique laconique de notre voyageur, qui, oppressé par le sentiment intime de sa pesanteur d’esprit, n’eût certes pas su comment continuer la conversation, si la fillette, toujours prête à parler, n’avait repris :

« Et que vas-tu faire pour m’amuser ?

— Sur mon âme, Polly, je n’en sais absolument rien !

— Eh bien alors, je vais te le dire, moi. As-tu des cartes dans ta maison ?