Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/119

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— J’espère qu’il n’y en a pas eu ici. Je lui ai seulement dit : Nous sommes égarées, et il faut que j’essaye de retrouver seule mon chemin. Va vers ce monsieur que tu vois là-bas et dis-lui que tu es perdue ; on ira bientôt te rechercher. Vous ne vous êtes peut-être pas bien rendu compte de son âge si tendre, pour l’accuser d’avoir compris le rôle que je lui faisais jouer à son insu.

— Elle est pleine d’aplomb cependant.

— Sans doute, justement parce qu’elle est si jeune.

— Et quel a été votre but ? demanda-t-il après un moment de silence.

— Ah ! pourquoi cette question, monsieur Jackson ? Ne devinez-vous pas que j’ai espéré que, dans cette innocente enfant, vous verriez quelque chose qui adoucirait votre cœur envers moi, et non pas seulement envers moi, mais aussi envers mon mari ? »

Il se détourna soudain et se mit à marcher vers l’autre bout de la chambre, puis il revint d’un pas plus lent, reprit sa première attitude et dit :

« Je croyais que, dans le désir d’aller aussi loin que possible de moi, vous aviez émigré en Amérique ?

— Oui ; mais il nous fut trop difficile d’y vivre, et nous sommes revenus.

— Habitez-vous cette ville ?