Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/120

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— Oui, je donne des leçons de musique, et mon mari est teneur de livres.

— Êtes-vous… pardonnez-moi cette question, êtes-vous pauvres ?

— Nous gagnons assez pour subvenir à nos besoins, ce n’est pas là notre principale souffrance ; mais mon mari, à bout de forces, est très malade d’une maladie d’épuisement. Il ne se guérira jamais, si…

— Vous vous arrêtez ! Est-ce faute de la parole d’encouragement que vous sollicitiez tout à l’heure ? En ce cas, je vous la donne, Béatrice ; je ne puis oublier le temps passé.

— Que Dieu vous bénisse ! répondit-elle en fondant en larmes et en lui donnant sa main tremblante.

— Remettez-vous. Je ne pourrais être calme moi-même, si je vous voyais si émue. Vos larmes me font plus souffrir que je ne saurais l’exprimer ! Parlez-moi sans crainte, confiez-vous à moi. »

Elle ramena son voile sur son visage et, après un moment de silence, elle put parler avec plus de calme. Sa voix avait le même timbre que celle de Polly.

« Ce n’est pas, je vous l’assure, que les facultés de mon mari soient atteintes par la maladie, mais sa grande faiblesse et sa certitude d’avoir un mal incurable lui ôtent