Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que ce coup de foudre l’a atteint. Chez un homme d’une nature aussi concentrée, il a dû être bien terrible ! Sa colère n’a pas dû pouvoir s’apaiser, et c’est de là que vient la malédiction sous le poids de laquelle nos pauvres petites fleurs se sont fanées et sont tombées. »

Elle cessa de parler.

« Et vous, Béatrice, qu’avez-vous cru ? demanda-t-il après un assez long silence.

— Jusqu’à ces dernières semaines, j’avais peur de vous, et je croyais que vous ne pourriez jamais nous pardonner.

— Jusqu’à ces dernières semaines ? répéta-t-il. Avez-vous donc changé d’opinion depuis lors ?

— Oui.

— Pour quelle raison ?

— Je choisissais quelques morceaux de musique dans un magasin de cette ville, quand, à ma grande terreur, vous y êtes entré. Je baissai mon voile et je me retirai dans la partie obscure du magasin, ce qui me permit de vous entendre, tandis que vous expliquiez qu’il vous fallait un instrument pour une jeune fille toujours alitée. Votre voix et vos manières s’étaient tellement adoucies, vous mettiez tant d’intérêt dans votre choix et vous emportiez vous-même votre emplette avec tant de soin et tant de plaisir, que je compris alors combien votre cœur