Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Barbox frères et Compagnie, et il avait fait entrer des milliers d’associés dans la maison de commerce jadis si solitaire.

Il revint enfin à sa chambre d’hôtel et resta debout devant le feu, à déguster un verre de vin chaud qui reposait sur la tablette de la cheminée. Il entendit alors les cloches de la ville sonner l’heure, et regardant sa montre, il s’aperçut que la soirée s’était écoulée et que les horloges frappaient les douze coups de minuit. En remettant sa montre dans son gousset, ses yeux rencontrèrent son visage réfléchi par la glace qui lui faisait face.

« Quoi ! Est-ce donc votre anniversaire ? se dit-il en souriant ; eh ! mais, vous avez fort bonne mine, mon vieux, et je vous souhaite de nombreux et heureux retours d’un jour pareil ! »

Jamais, jusqu’alors, il ne s’était fait à lui-même semblable souhait.

« De par le ciel ! s’écria-t-il, cela change singulièrement mes plans, et il ne s’agit plus désormais de fuir mon anniversaire. Que de choses j’ai à débattre sérieusement avec Phœbé, et quel long récit j’ai à faire justement sur la route qui n’avait pas d’histoire ! Au lieu de pousser en avant je m’en retournerai d’où je viens, et je prendrai dès demain matin le train U X, de mon ami le lampiste. »