Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/37

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classe en faisant circuler de petites histoires qu’il composait volontiers, et en organisant ses chères comédies. C’était à cette époque un petit garçon frisé, d’une gaieté aimable, toujours propret et tiré à quatre épingles. Sa santé s’était améliorée ; il se livrait au plaisir de vivre dans un milieu de son goût. S’il ne devint pas un brillant élève, c’est qu’on ne lui en laissa pas le temps. Au bout de deux années, ses parents, qui, chargés de famille, avaient hâte d’assurer une carrière à chacun de leurs enfants, le placèrent comme petit clerc chez un procureur. Si Charles Dickens n’avait travaillé tout seul, avec un zèle infatigable, il n’eût rien su des langues mortes, et n’eût même possédé que très imparfaitement sa langue maternelle, qu’il écrivit avec une si grande perfection. Quelqu’un ayant demandé à son père où il avait été élevé, celui-ci répondit avec beaucoup de raison : « Mon Dieu, on peut dire qu’il s’est élevé lui-même ! »

Dickens parvint toujours à tirer bon parti des vicissitudes de la vie. Il dut à son passage dans cette étude d’avoué de peindre, avec une verve incomparable, les différentes étapes de la vie d’un clerc ; mais ce n’était pas là une profession qui lui convînt. L’exemple de son père, qui, pour ajouter aux ressources de la famille, s’était mis à faire dans les journaux des comptes rendus parlemen-