Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/53

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— Quand pour la première fois, reprit le lampiste, je me mis à composer de petites chansonnettes comiques… »

Ici Barbox frères le regarda de travers.

« Oui, continua le lampiste, quand je composai mes premières chansonnettes pour les chanter ensuite, ce qui était plus pénible encore, c’était bien à contre-cœur, je vous l’assure, monsieur. »

Quelque chose qui n’était pas de l’huile brilla en ce moment dans l’œil du pauvre homme, et celui que son interlocuteur fixait sur lui se détourna un peu confus. Il se mit à regarder le feu, tandis que son pied vint se poser sur la barre la plus élevée du foyer.

Après quelques instants de silence, il reprit, toujours d’un ton un peu brusque, quoique adouci cependant :

« Pourquoi donc les faisiez-vous si cela vous déplaisait ? Où les chantiez-vous ? Était-ce au cabaret ?

— Je les chantais auprès du lit. » Telle fut la bizarre réplique du lampiste.

Le voyageur le regarda, attendant qu’il s’expliquât ; mais, en ce même moment, la station de Mugby revint soudainement à la vie, fut saisie d’un violent tremblement et ouvrit ses yeux de gaz.

« Le voici ! il vient, le parlementaire ! » s’écria le lampiste d’un ton très animé.