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II


La maison de commerce de Barbox frères s’était fait une réputation très méritée d’avarice sordide, bien avant l’entrée dans ses bureaux de notre héros qui, en réalité, s’appelait Jackson. Peu à peu, et sans qu’il en eût conscience, cette triste réputation s’était aussi attachée à lui, tandis qu’il gravissait lentement les degrés hiérarchiques, et qu’il en arrivait enfin à la possession du sombre bureau situé au coin d’un passage aboutissant à la rue Lombarde. Sur les vitres de la fenêtre de ce triste réduit, la raison sociale Barbox frères s’étalait en grandes lettres et s’interposait, depuis bien des années, entre le ciel et l’infortuné qui y passait ses jours. Peu à peu, il s’était vu devenir l’objet d’une méfiance chronique ; chacun semblait le considérer comme un particulier qu’il était essentiel de lier très étroitement, lorsqu’il s’agissait de s’engager dans une affaire avec lui ; un individu, dont la parole ne devait être acceptée qu’avec preuves écrites à l’appui ; un homme contre lequel enfin il fallait être en garde et en défiance.