Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/56

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Aucun mauvais acte de sa part ne justifiait cette fâcheuse opinion générale ; mais il semblait en vérité que le Barbox authentique se fût étendu sur le plancher du bureau, y eût fait apporter le jeune Jackson pendant son sommeil, et que là, il eût opéré une métempsycose, un échange de personne avec lui. Le public s’obstinait à faire porter au présent la peine du passé.

La pénible découverte qu’il fit un jour de cette désagréable position sociale fut suivie, comme on a pu le comprendre déjà pour le malheureux Jackson, de la défection de la seule femme et du seul homme dont il avait jamais cru posséder l’affection. Ce cruel événement avait achevé ce que sa triste jeunesse avait commencé ; morne et humilié, il rentra dès lors dans l’ombre de Barbox, et ne releva plus ni sa tête ni son cœur.

Il finit toutefois par se délivrer d’un poids bien pesant ; il brisa la rame qu’il avait maniée si longtemps, ouvrit les écoutilles et fit sombrer sa galère. Prévenant la lente décadence d’une maison d’affaires passée de mode, et que sa fâcheuse réputation condamnait à mourir, il prit l’initiative et se retira du commerce. Il avait assez pour vivre (pas trop cependant) ; il se décida donc à faire disparaître la raison sociale Barbox frères de la surface de la terre, fit enlever son nom des pages du Dictionnaire com-