Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/57

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mercial, et ne le laissa plus figurer que sur deux grands porte-manteaux, car à quoi bon changer, se dit-il, et reprendre le nom du jeune Jackson qui ne lui rappelait aucun jour de bonheur, et qui semblait d’ailleurs se rire maintenant du vieux Jackson.

Le lendemain de son arrivée à Mugby, Barbox frères quitta donc l’auberge où le fantôme de son passé l’avait suivi et assombri. Prenant son chapeau, il sortit juste au moment où un homme vêtu de velours passait de l’autre côté de la rue, se rendant en hâte à la station et portant son dîner dans un petit paquet qui aurait pu être plus volumineux, sans risquer encore de le faire soupçonner de gloutonnerie.

« Ah ! voilà le lampiste, se dit notre voyageur, et à ce propos… »

N’était-il pas bien ridicule à un homme si sérieux, si renfermé en lui-même, échappé depuis trois jours à peine à sa vie d’esclavage, d’être là, dans la rue, à se frotter le menton et à se livrer à une sombre méditation à propos de pauvres petites chansonnettes comiques ?

« Auprès du lit, se répétait-il avec irritation. Pourquoi les chanter à cet endroit-là, à moins qu’il ne se mette au lit en état d’ivresse ? Au fait, cela ne m’étonnerait pas, et c’est ce qu’il fait très probablement ; mais