Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/59

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état d’ivresse, allaient en ligne droite pendant un moment, puis, soudain, pirouettaient sur elles-mêmes et revenaient à leur point de départ. D’autres encore étaient encombrées de trucs remplis de charbon de terre, tandis que de pleins chargements de futailles s’en appropriaient quelques-unes et que des chariots de ballast en obstruaient un grand nombre. Il y en avait qui semblaient spécialement réservées à des objets à roues, tels que les immenses métiers à tisser le coton. Plusieurs étaient en bon état d’entretien, et leurs rails brillaient comme de l’acier bien poli, tandis que d’autres, au contraire, étaient couvertes de cendres, rongées par la rouille, et servaient de refuge aux brouettes de rebut placées là les jambes en l’air et s’y livrant à la paresse.

Cet immense tohu-bohu n’avait, en vérité, ni commencement, ni milieu, ni fin ; c’était un sens dessus dessous universel.

Dans son incertitude très perplexe, notre voyageur, en regardant du haut du pont dont nous avons parlé, passait sa main droite sur les rides de son front, rides qui semblaient s’y multiplier à vue d’œil, comme si les lignes ferrées se photographiaient d’elles-mêmes sur cette plaque sensibilisée.

Un bruit lointain de sonnettes et de coups de sifflet se