Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/64

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fait autant du côté du chemin, et l’on pouvait apercevoir maintenant deux mains délicates qui semblaient jouer d’un instrument ; pourtant aucun son ne parvenait à l’oreille du voyageur curieux.

« Certes, l’embranchement de Mugby doit être l’endroit le plus étrange de toute l’Angleterre ! s’écria Barbox frères en redescendant la colline. La première rencontre que j’y fais, c’est celle d’un pauvre employé de chemin de fer qui compose des chansonnettes pour les chanter auprès du lit ; la seconde, c’est celle d’un visage et de deux mains qui jouent d’un instrument muet ! »

C’était une belle journée du commencement de novembre ; l’air était pur et vivifiant, et le paysage étalait des tons riches et variés. Dans le passage aboutissant à la rue Lombarde, les couleurs dominantes étaient sombres et peu nombreuses. En de rares occasions, et lorsque partout ailleurs le temps était éblouissant, les habitants de cet aimable séjour jouissaient d’un jour ou deux de couleur poivre et sel ; mais son atmosphère accoutumée était de nuance ardoise ou tabac d’Espagne. Notre héros trouva donc sa promenade si agréable qu’il la recommença le lendemain et qu’il arriva près de la maisonnette un peu plus tôt, ce qui lui permit d’entendre, venant de la chambre du haut, des voix d’enfants qui chantaient sur