Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/65

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un rythme régulier, tandis qu’ils marquaient la mesure en battant des mains.

« Je n’entends toujours aucun son d’instrument, se dit-il en écoutant de sa place à l’angle du cottage, et pourtant j’ai encore vu les mains qui avaient l’air de jouer, au moment où je passais devant la fenêtre. Que chantent donc ces enfants ? Quoi ! Dieu du ciel ! ils ne peuvent s’amuser à chanter la table de multiplication ! »

C’était pourtant bien ce qu’ils faisaient, et même ils paraissaient y prendre infiniment de plaisir. Le visage mystérieux possédait une voix dont le timbre était d’une sérénité mélodieuse, d’un grand charme ; cette voix s’élevait de temps à autre pour guider celles des enfants et les remettre dans le bon chemin. Bientôt le chant s’arrêta, un murmure de voix enfantines lui succéda ; puis vint une courte chanson, dont le sujet était le mois actuel et les travaux qu’il donnait aux laboureurs dans les champs, aux ouvriers dans la ferme. On entendit ensuite le bruissement de beaucoup de petits pieds, et la troupe joyeuse prit sa volée en criant comme le jour précédent.

Arrivés à la porte du jardinet, les enfants firent aussi comme la veille ; ils se retournèrent et envoyèrent des baisers bien évidemment destinés au visage appuyé contre la fenêtre, et que Barbox frères ne pouvait voir de la