Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/74

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jetant les yeux sur les deux bancs placés le long de la muraille.

Pendant tout ce temps, ses mains agiles s’agitaient sur son tambour ; quand elle eut fini de parler, elles continuèrent leur besogne, et comme le bruit et le jeu des fuseaux tenaient en quelque sorte lieu de conversation, Barbox frères profita de ce moment pour examiner son hôtesse. Elle lui parut avoir environ trente ans. Le charme de son visage translucide et de ses grands yeux bruns très brillants ne provenait pas d’une expression de résignation pensive, mais tout au contraire, de ce que leur sérénité semblait pleine de vie et d’animation joyeuse. Ses laborieuses mains elles-mêmes, dont la maigreur aurait pu attirer la pitié, faisaient leur travail avec un gai courage qui aurait donné à la simple compassion l’air de vouloir s’arroger une supériorité peu justifiée et fort impertinente.

S’apercevant que la jeune fille allait lever les yeux sur lui, notre voyageur dirigea son regard vers le paysage en disant :

« C’est vraiment magnifique !

— Superbe, n’est-ce pas, monsieur ? J’ai parfois eu l’idée que j’aimerais à pouvoir me tenir debout, pour voir comment ce panorama se déploie devant les yeux d’une