Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/75

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tête placée droite ; mais c’est là une sotte imagination que je ne dois pas encourager, car, en vérité, ce spectacle ne peut paraître à personne plus charmant qu’il ne se montre à mes yeux. »

Tandis qu’elle parlait avec une expression d’admiration et de vive jouissance, qu’aucun regret ne venait assombrir, son regard restait fixé sur le beau point de vue.

« Et ces rails, continua-t-elle, ces trains lançant leurs bouffées de fumée et de vapeur et courant avec tant de rapidité, égayent tellement pour moi la perspective ! Je pense à la multitude de gens qui peuvent aller où ils veulent, à leurs affaires, à leurs plaisirs ! Les jets de fumée semblent me faire des signes en passant ; tout cela peuple en quelque sorte le paysage et me tient compagnie lorsque j’éprouve le besoin de ne pas être seule. Puis, monsieur, il y a le grand embranchement ; je ne puis le voir au bas du coteau, mais je l’entends souvent et je sais du moins qu’il est là. Il semble que ce soit un trait d’union entre moi et tant de lieux, tant de choses que je ne verrai jamais. »

Notre voyageur ne répondit que par un « en effet ; » car l’humiliante pensée que, s’il l’eût voulu, il eût pu, lui aussi, contracter quelques liens avec cette humanité qui