Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/91

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tanières… et que peut-on attendre d’un pareil début dans la vie ! »

Ses yeux rencontrèrent en cet instant les yeux de la jeune infirme dont le regard était fixé sur lui avec une expression très sérieuse. Il sentit que quelque chose se remuait en lui et murmurait à son oreille : Vois ce lit ! Est-ce donc là un lieu bien choisi pour que les grâces de l’enfance et les charmes de la jeunesse s’y donnent rendez-vous et viennent s’y épanouir ? Oh ! honte ! honte !

« C’est une vraie maladie chez moi, reprit-il après un silence embarrassé. Je sens que je déraisonne sur ce point, et je ne sais même pourquoi j’en suis venu à vous en parler. La cause de cet état morbide est sans doute tout entière dans la confiance que j’avais autrefois vouée à une personne de votre sexe, confiance qui a été récompensée par une cruelle trahison. J’ai, du reste, la conscience que j’ai tort en voyant ainsi tout en noir, tout de travers ! »

Les mains de Phœbé reprirent lentement leur travail. Lorsqu’il osa se retourner vers elle, il vit que ses yeux suivaient, d’un air tout rêveur, le mouvement de ses fuseaux.

« C’est donc en haine de mon anniversaire que j’ai entrepris ce voyage, continua-t-il. Il a toujours été pour moi un jour de tristesse et d’isolement. Le premier où je