Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/92

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serai libre et maître de mes mouvements, doit arriver dans cinq ou six semaines, et j’ai résolu de tâcher d’oublier tous ceux qui l’ont précédé, de l’anéantir lui-même, ou du moins, de me l’ôter de devant les yeux, en entassant sur lui beaucoup d’objets nouveaux. »

Lorsqu’il eut fini de parler, elle le regarda ; mais elle se contenta de secouer la tête comme si elle se sentait complètement incapable de le comprendre.

« Tout cela est inintelligible à votre heureuse nature, poursuivit-il, s’en tenant à sa première phrase, comme s’il y eût eu en elle quelque chose de propre à venir à son secours et à aider sa défense. Je savais qu’il en serait ainsi, et au fond j’en suis bien aise. Toutefois, dans ce voyage (et j’entends dorénavant passer ma vie sur les grandes routes, ayant abandonné la pensée de me fixer quelque part), dans ce voyage, dis-je, je me suis arrêté, ainsi que votre père vous l’a raconté, à l’embranchement de Mugby. L’étendue de ses ramifications m’a confondu, et je ne sais plus du tout où j’irai en partant d’ici. Ma perplexité est telle à la vue de ces innombrables lignes, qu’il m’est encore absolument impossible de prendre un parti définitif. En attendant, que pensez-vous que j’aie envie de faire ? Combien de routes ferrées voyez-vous de votre fenêtre ? »