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GRILLON DU FOYER

— Je le savais, dit Berthe fièrement. Je le leur ai dit. J’ai méprisé ce qu’ils disaient. La blâmer justement ! Elle pressa sa main dans la sienne, et appuya sa douce joue sur sa joue. ― Non, je ne suis pas assez aveugle pour cela.

Son père se mit à côté de Dot, et Berthe de l’autre en lui prenant chacun une main.

— Je sais tout cela, dit Berthe, mieux que vous ne le croyez. Mais personne aussi bien qu’elle. Pas même vous, mon père. Il n’y a personne aussi sincère et aussi vraie avec moi qu’elle. Si la vue pouvait m’être rendue un seul instant, je la découvrirais dans une foule sans qu’on me dît un seul mot. Ma sœur !

— Berthe, ma chère, dit Caleb, j’ai quelque chose sur le cœur qu’il faut que je vous dise pendant que nous sommes tous trois seuls. Écoutez-moi avec bienveillance. J’ai une confession à vous faire, ma chère fille.

— Une confession, mon père ?

— Je me suis éloigné de la vérité, mon enfant, et je me suis perdu moi-même dit Caleb avec une expression douloureuse de sa physionomie bouleversée. Je me suis éloigné de la vérité avec l’intention de vous faire du bien, et j’ai été cruel.

Elle tourna vers lui son visage étonné en répétant le mot cruel.

— Il s’accuse trop vivement, Berthe, dit Dot. Vous allez le dire, vous serez la première à le dire.