Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/42

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La compagnie arriva, et le temps, en s’écoulant, n’apportait aucune consolation à mes inquiétudes. M. Wopsle, avec un nez romain, un front chauve et luisant, possédait, en outre, une voix de basse dont il n’était pas fier à moitié. C’était un fait avéré parmi ses connaissances, que si l’on eût pu lui donner une autre tête, il eût été capable de devenir clergyman, et il confessait lui-même que si l’Église eût été « ouverte à tous, » il n’aurait pas manqué d’y faire figure ; mais que l’Église n’étant pas « accessible à tout le monde, » il était simplement, comme je l’ai dit, notre chantre. Il entonnait les répons d’une voix de tonnerre qui faisait trembler, et quand il annonçait le psaume, en ayant soin de réciter le verset tout entier, il regardait la congrégation réunie autour de lui d’une manière qui voulait dire : « Vous avez entendu mon ami, là-bas derrière ; eh bien ! faites-moi maintenant l’amitié de me dire ce que vous pensez de ma manière de répéter le verset ? »

C’est moi qui ouvris la porte à la compagnie, en voulant faire croire que c’était dans nos habitudes, je reçus d’abord M. Wopsle, puis Mrs Hubble, et enfin l’oncle Pumblechook. — N. B. Je ne devais pas l’appeler mon oncle, sous peine des punitions les plus sévères.

« Mistress Joe, dit l’oncle Pumblechook, homme court et gros et à la respiration difficile, ayant une bouche de poisson, des yeux ternes et étonnés, et des cheveux roux se tenant droits sur son front, qui lui donnaient toujours l’air effrayé, je vous apporte, avec les compliments d’usage, madame, une bouteille de Sherry, et je vous apporte aussi, madame, une bouteille de porto. »

Chaque année, à Noël, il se présentait comme une