Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 1.djvu/226

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— Eh bien ! l’avantage du plan est visible. Tous les matins, à six heures, ils laissent aller une des cordes, et patatra, v’là tous les logeurs par terre. Ça les réveille fameusement, ils se relèvent de bonne humeur, et ils s’en vont comme des jolis garçons… Demande pardon, monsieur, dit Sam, en interrompant tout à coup son verbeux discours, c’est-il Bury Saint-Edmunds qu’est là-bas ?

— Précisément, répondit M. Pickwick. »

Bientôt après la voiture roula dans les rues propres et bien pavées d’une jolie petite ville, et s’arrêta devant une auberge située au milieu de la grande route, presque en face de l’antique abbaye.

« Voici l’Ange, dit M. Pickwick, en regardant l’enseigne. Nous descendons ici, Sam. Mais il faut prendre quelques précautions. Demandez une chambre particulière et ne mentionnez pas mon nom ; vous comprenez.

— Compris ! monsieur, » répondit Sam, avec un clin d’œil intelligent. Il tira le portemanteau du coffre de derrière, où il avait été jeté à Eatanswill, et disparut pour faire sa commission. Une chambre particulière fut facilement retenue, et M. Pickwick y fut introduit sans délai.

« Maintenant, Sam, dit M. Pickwick, la première chose à faire…

— C’est de commander le dîner, monsieur, suggéra Sam : il est fort tard, monsieur.

— Ah ! c’est vrai, répliqua le philosophe en regardant sa montre. Vous avez raison, Sam.

— Et si c’était moi, monsieur, je voudrais prendre juste une bonne nuit de repos avant de demander des renseignements sur ce finaud. Il n’y a rien pour rafraîchir l’esprit comme un bon somme, monsieur, comme dit la servante avant d’avaler son petit verre de l’eau d’ânon.

— Je crois que vous avez raison, Sam ; mais je veux d’abord m’assurer qu’il est dans cet hôtel et qu’il ne m’échappera point.

— Laissez-moi c’te affaire-là, monsieur. Je vas vous ordonner un joli petit dîner et faire une enquête en bas, pendant qu’on l’apprêtera. Je tirerai tous les secrets du décrotteur, en cinq minutes.

— À la bonne heure, » dit M. Pickwick, et Sam se retira.

Au bout d’une demi-heure M. Pickwick était assis devant un dîner très-satisfaisant, et un quart d’heure plus tard, Sam lui