Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 1.djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE XXII.

M. Pickwick se rend à Ipswich, et rencontre une aventure romantique, sous la figure d’une dame d’un certain âge, en papillotes de papier brouillard.

« C’est ça le matériel de ton gouverneur, Sammy ? demanda M. Weller senior à son affectionné fils, comme celui-ci entrait, avec un sac de voyage et un petit portemanteau, dans la cour de l’hôtel du Taureau, à Whitechapel.

— Vous avez mis votre nez rouge dessus, vieux, répliqua Sam, en s’asseyant sur son fardeau, qu’il avait déposé à terre. Le gouverneur va arriver recta.

— Il est cabriolant, je suppose.

— Oui ; il s’administre deux milles de danger pour huit pence. Comment va la belle-mère, ce matin ?

— Drôlement, Sammy, drôlement, répliqua M. Weller avec une gravité imposante. Elle s’est enfoncée dans les méthodistes dernièrement et elle est diablement pieuse, c’est sûr. C’est une trop bonne créature pour moi, Sammy. Je sens que je ne la mérite pas.

— Hé ! dit Sam, c’est bien de l’abnégation de votre part.

— Juste ! repartit le père avec un soupir. Elle s’est embourbée dans une nouvelle invention pour la renaissance morale des gens. La vie nouvelle, qu’ils appellent ça, j’crois. J’aimerais ben à voir marcher c’te invention-là, Sammy. J’aimerais ben à voir ta belle-mère renaître. Comme je la mettrais vite en nourrice ! — Sais-tu ce qu’elles ont fait l’autre jour, poursuivit M. Weller après une pause, durant laquelle il avait frappé une demi-douzaine de fois le côté de son nez avec son index, d’une manière très-significative.

— Sais pas. Qu’est-ce que c’est ?

— Elles ont arrangé une grande boisson de thé pour un gaillard qu’elles appellent leur berger. J’ m’étais arrêté devant l’auberge à regarder not’ enseigne, v’là qu’ j’aperçois à la croisée un p’tit écriteau. Billets, deux shillings. Les demandes doivent être faites au comité. Secrétaire, madame Weller. J’entre à la maison. Le comité siégeait dans l’arrière-parloir.