Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 2.djvu/115

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— Mon cher Newman, cria Nicolas en lui serrant la main avec force, vous ne plaisantez pas ?

— Du tout, répliqua Newman. Je vous parle sérieusement. Tout cela est exact. Vous la verrez demain soir. Elle consent à entendre votre déclaration. Je l’ai persuadée. C’est un prodige d’affabilité, de bonté, de douceur, de beauté.

— Oh ! j’en étais sûr, dit Nicolas. C’est bien elle, Newman, je la reconnais à ce portrait, et il pressait la main de Newman à le faire crier.

— Doucement donc, fit Noggs.

— Où demeure-t-elle ? cria Nicolas. Qu’avez-vous appris sur son compte ? A-t-elle un père, une mère, des frères, des sœurs ? Qu’est-ce qu’elle a dit ? Comment avez-vous fait pour la voir ? N’a-t-elle pas été bien étonnée ? Lui avez-vous dit combien je désirais ardemment de m’entretenir avec elle ? Lui avez-vous dit où je l’ai vue pour la première fois ? Lui avez-vous dit comment, où, quand, depuis combien de temps, et combien de fois j’ai pensé à sa charmante figure qui, dans mes plus amers chagrins, m’apparaissait comme un reflet d’un monde meilleur ? Dites, Newman, dites donc ! »

Le pauvre Noggs était littéralement suffoqué par ce flot de questions qui venaient l’assaillir, sans lui laisser seulement le temps de respirer. À chaque parole de cet interrogatoire, il faisait sur sa chaise un mouvement spasmodique, et ne cessait de fixer sur Nicolas des yeux empreints d’une expression de perplexité comique.

« Non, dit-il, je ne lui ai pas parlé de cela.

— Pas parlé de quoi ?

— Du reflet d’un monde meilleur. Je ne lui ai pas dit non plus qui vous étiez ni où vous l’aviez vue pour la première fois. Mais, par exemple, je lui ai dit que vous l’aimiez à la folie.

— Vous aviez bien raison, Newman, répliqua Nicolas avec sa fougue ordinaire. Dieu sait combien c’est vrai.

— Je lui ai dit encore qu’il y avait longtemps que vous nourrissiez secrètement cette passion pour elle.

— Oui, oui, c’est encore vrai ; et qu’a-t-elle dit à cela ?

— Elle s’est mise à rougir.

— Bon, cela devait être, » dit Nicolas satisfait.

Alors Newman, poursuivant son récit, lui raconta que la demoiselle était seule d’enfant dans la maison ; qu’elle n’avait plus de mère ; qu’elle demeurait avec son père, et que, si elle avait consenti à accorder une entrevue à son prétendant, c’était sur les instances de sa domestique, qui paraissait exercer sur elle