Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 2.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Nous voici seuls, répondit Ralph sèchement ; qu’est-ce qu’il vous faut ?

— C’est délicieux ! cria M. Mantalini déployant en riant tout l’émail de son râtelier ; ce qu’il me faut ! oui, ah ! ah ! c’est délicieux ! ce qu’il me faut ! ah ! ah ! de par tous les diables !

— Je vous demande ce qu’il vous faut ! répéta Ralph avec aigreur.

— Parbleu ! un chien d’escompte. Pas autre chose, répondit M. Mantalini ricanant et secouant la tête de la manière la plus bouffonne.

— L’argent est rare, dit Ralph.

— À qui le dites-vous ? Diablement rare, ou vous ne me verriez pas ici.

— Les temps sont durs : on sait à peine à qui se fier, continua Ralph. Je n’ai pas besoin de faire d’affaires en ce moment, ou, pour mieux dire, tenez, j’aime mieux n’en pas faire. Cependant, comme vous êtes un ami… Combien avez-vous là de billets ?

— Deux.

— Quel en est le montant ?

— Une chienne de bagatelle, dix-huit cents francs.

— L’échéance ?

— Deux mois et quatre jours.

— Eh bien ! je veux bien les prendre, mais c’est à cause de vous, songez-y bien ; à cause de vous. Je ne le ferais pas pour d’autres… Je les prends à six cents francs d’escompte.

— Ah ! nom d’un chien ! cria M. Mantalini dont la figure s’allongea d’une aune à cette aimable proposition.

— Eh bien ! il vous reste douze cents francs, reprit Ralph ; qu’est-ce que vous en vouliez donc ? Voyons, laissez-moi regarder les noms.

— Vous êtes diablement serré, Nickleby, lui dit Mantalini d’un ton de reproche.

— Laissez-moi voir les noms, répliqua Ralph, qui dans son impatience, tendit la main pour se faire donner les billets. Bon ! ce n’est pas fameux, mais ce n’est pas non plus trop véreux. Acceptez-vous mes offres, et voulez-vous de l’argent ? Moi, je n’y tiens pas, au contraire.

— Diable ! Nickleby, ne pourriez-vous pas ?…

— Non, répliqua Ralph en l’interrompant ; je ne peux pas. Voulez-vous de l’argent ? Prenez-le, voyez : il ne s’agit pas ici d’attendre, d’aller à la Cité chercher à négocier les billets avec quelque autre personne sans garantie. Est-ce fait ou non ? »

En même temps Ralph poussa quelques papiers sur son bu-