Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 2.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que je n’ai jamais vu une si bonne créature que Smike. Vraiment, le mal qu’il s’est donné pour entrelacer en berceau tous ces petits arbustes, et pour élever au pied les fleurs les plus embaumées, est au-dessus de tous les remerciements… Pourtant, ma chère Catherine, j’aurais désiré qu’il n’eût pas mis tout le sable de votre côté pour ne me laisser que la terre.

— Chère maman, répondit Catherine avec empressement, mettez-vous à ma place,… je vous en prie, pour m’obliger, maman.

— Non, ma chère, je n’en ferai rien… j’ai ma place et je la garde, dit Mme Nickleby ; tiens, qu’est-ce que cela ? » Catherine regarda sa mère pour savoir ce qu’elle voulait dire : « Voyez s’il n’a pas été chercher, je ne sais où, deux ou trois pieds de ces fleurs que je vous disais l’autre soir que j’aimais tant, en vous demandant si vous n’étiez pas comme moi ; non, je me trompe, c’était vous qui les aimiez, disiez-vous, et qui me demandiez si je n’étais pas comme vous… mais cela revient au même… Eh bien ! les voilà… Je vous assure que je trouve que c’est une attention bien aimable de sa part ; je n’en vois pas de mon côté ; c’est qu’apparemment elles se plaisent mieux près du sable. Vous pouvez en être sûre, Catherine ; c’est pour cela qu’il les aura plantées toutes près de vous, et qu’il aura mis tout le sable de votre côté, qui est plus exposé au soleil, et je vous assure que ce n’est pas maladroit du tout ; moi-même je n’aurais peut-être pas eu l’idée d’y penser.

— Maman, dit Catherine la tête penchée sur son ouvrage de manière à cacher presque son visage, avant votre mariage…

— Mon Dieu, ma chère Catherine, dit en l’interrompant Mme Nickleby, qu’est-ce qui peut, je vous le demande, vous transporter ainsi à l’époque qui a précédé mon mariage, quand je vous parle du soin de Smike et de ses attentions pour moi ? On dirait que vous ne prenez pas le moindre intérêt au jardin.

— Ah ! maman, dit Catherine relevant la tête, vous savez bien que si.

— Alors, ma chère, comment se fait-il que vous ayez l’air de ne pas seulement vous apercevoir de la propreté élégante avec laquelle il est tenu ? Vraiment, Catherine, je trouve cela bien drôle de votre part.

— Mais, maman, repartit Catherine doucement, je vous assure que je m’en aperçois bien ; pauvre garçon !

— Au moins je ne vous en entends jamais parler, reprit Mme Nickleby, c’est tout ce que je peux en dire. » Comme la