Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 2.djvu/180

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n’en avait déjà pas trop pour lui) chercha dans son chapeau s’il n’avait pas un sou, car, lorsqu’il avait quelque argent, c’est là qu’il le mettait dans un coin de son mouchoir.

Pendant qu’il était occupé à en défaire le nœud avec ses dents, le pauvre lui dit quelque chose qui attira son attention, et, de fil en aiguille, Newman finit par s’en aller côte à côte avec lui, l’étranger parlant avec chaleur, et Newman l’écoutant avec intérêt.


CHAPITRE XIII.

Contenant des choses surprenantes.

« Comme nous nous en allons de Londres demain soir, et que je ne crois pas avoir été jamais si heureux de ma vie ni de mes jours, monsieur Nickleby, ma foi ! je veux boire encore un coup à votre santé et au plaisir de notre prochaine rencontre. »

Ainsi parlait John Browdie en se frottant les mains avec de grandes démonstrations de joie et en regardant autour de lui avec sa bonne face rougeaude, sur laquelle brillait une expression en parfaite harmonie avec la déclaration qu’il venait de faire.

Quant au temps précis où John se trouvait dans ces heureuses dispositions, c’était le même soir dont il était question dans le dernier chapitre : la scène se passait dans le cottage, et les personnages se composaient de Nicolas, Mme Nickleby, Mme Browdie, Catherine Nickleby et Smike.

Quelle bonne soirée ils avaient passée là ! Mme Nickleby connaissant les obligations que son fils avait à l’honnête villageois du Yorkshire, avait consenti, après s’être fait un peu prier, à inviter M. et Mme Browdie à venir prendre le thé chez elle. Cela n’allait pas tout seul ; il y eut bien des difficultés et des protocoles ; elle n’avait pas eu l’occasion de commencer par rendre visite à Mme Browdie, car Mme Nickleby avait beau dire et redire avec complaisance, comme le font presque toujours les gens pointilleux, qu’elle n’avait pas l’ombre d’amour-propre et qu’elle ne tenait pas le moins du monde à l’étiquette, il n’y avait pas en réalité de partisan plus fidèle des formes et des cérémonies ; et comme il était évident qu’avant de s’être fait