Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 2.djvu/220

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— Ah ! répondit le vieil Arthur faisant semblant d’être tout à coup éclairé par un trait de lumière, vous voulez dire que j’ai à vous parler encore de quelque chose qui concerne mes intérêts et mes intentions. Est-ce la peine de vous en parler ?

— Je crois que vous ferez bien, répondit Ralph sèchement.

— Je ne voulais pas vous ennuyer de ces détails, dit Arthur Gride, parce que je supposais qu’il suffisait de vous entretenir de vos propres intérêts dans cette affaire. C’est bien aimable à vous de vouloir ainsi vous intéresser à ce qui me touche seul. Certainement, c’est bien aimable à vous. Eh bien ! supposons que j’eusse connaissance de quelque bien, un petit bien, très peu de chose, sur lequel ce charmant petit poulet eût des titres à faire valoir et dont personne ne s’est douté jusqu’à ce jour ; mais dont son mari pourrait bien faire son profit, connaissant la chose comme je la connais. Cette circonstance expliquerait…

— Elle expliquerait tout, répondit Ralph brusquement ; à présent laissez-moi me rendre compte de la chose et réfléchir à ce que je dois vous demander pour la peine que je vous aiderai à réussir.

— Surtout ne soyez pas trop exigeant, cria le vieil Arthur levant vers lui les mains, dans la posture d’un suppliant, et lui répétant d’une voix tremblante : ne soyez pas trop exigeant avec moi ; c’est un très petit bien, très peu de chose, contentez-vous de cinquante pour cent, et c’est marché fait. C’est plus que je ne devrais offrir, mais vous êtes si bon !… Cinquante pour cent ; c’est convenu, n’est-ce pas ? »

Sans faire aucune attention à ses supplications, Ralph resta trois ou quatre minutes à réfléchir profondément sur sa chaise, regardant d’un air pensif son solliciteur. Quand il eut bien médité, il rompit le silence, et, à la manière dont il parla, il eût été injuste de lui reprocher de recourir à des circonlocutions inutiles ou de ne pas aller droit au but.

« Si vous épousiez cette jeune fille sans mon aide, dit Ralph, vous êtes toujours dans l’obligation de me payer la dette de son père en totalité, car c’est le seul moyen de le mettre en liberté. Il est donc clair que vous devez m’en donner le montant sans déduction et sans frais, ou bien tout ce que je gagnerais à l’honneur que vous m’avez fait de me choisir pour confident, ce serait de perdre quelque chose que j’aurais eu sans cela. Voilà donc le premier article de notre traité ; voici le second : pour la peine que je me serai donnée à négocier cette affaire, à persuader le père, à vous faire la courte échelle, il sera stipulé que vous me donnerez deux mille cinq cents francs… C’est une bagatelle en