Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 2.djvu/244

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le trouvaient de plus en plus digne de leur estime et de leur confiance, ils ne négligeaient pas non plus de la répandre sur ceux qui lui appartenaient. Mme Nickleby reçut bien des petits cadeaux, toujours les mieux accommodés à ses besoins, qui ne contribuèrent pas peu à l’amélioration du ménage et à l’embellissement du cottage. Catherine avait fini par se faire, grâce à eux, sur sa ménagère, une exposition éblouissante des plus jolis objets de fantaisie. Quant à leur société, si ce n’était pas frère Charles ou frère Ned qui venait leur dire un petit bonjour tous les dimanches ou un petit bonsoir dans la semaine, M. Tim Linkinwater ne manquait guère de faire de leur maison son but de promenade et son lieu de repos tous les soirs. Notez qu’il n’avait pas, dans toute sa vie, voulu faire plus d’une demi-douzaine de connaissances et qu’il n’avait encore aimé personne comme ses nouveaux amis. Enfin, trois fois au moins la semaine, je ne sais comment cela se faisait, mais il y avait toujours quelque étrange concours de circonstances qui faisait que M. Frank Cheeryble, pour une affaire ou pour une autre, passait devant leur porte et naturellement il entrait par politesse.

« C’est bien le jeune homme le plus attentif que j’aie jamais vu, Catherine, dit à sa fille Mme Nickleby un soir qu’elle venait d’en faire le sujet d’un éloge détaillé pendant lequel Catherine avait gardé un profond silence.

— Attentif ? maman, répondit Catherine.

— Bon Dieu ! Catherine, cria Mme Nickleby avec sa vivacité ordinaire, qu’avez-vous donc, qu’est-ce qui vous prend, vous voilà toute rouge !

— Ah ! maman, comme vous vous figurez toujours des choses étranges !

— Ma chère Catherine, je ne me figure rien du tout, je suis bien certaine de mon fait ; mais, d’ailleurs, voilà que c’est passé, par conséquent peu importe que ce fût ou non… Mais de quoi donc étions-nous en train de parler ?… Ah ! de M. Frank. Je n’ai vu de ma vie autant d’attention à personne !

— Vous ne dites pas cela sérieusement, maman, répondit Catherine qui se sentit rougir de manière à ne pas pouvoir le nier cette fois.

— Je ne parle pas sérieusement ! répliqua Mme Nickleby, et pourquoi donc ne parlerais-je pas sérieusement ? Très sérieusement au contraire, et je puis dire que sa politesse et ses attentions pour moi sont une des choses qui m’ont donné le plus de plaisir, de satisfaction, de contentement depuis bien longtemps.