Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 2.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

(et ce n’est pas seulement en peinture) que les vieilles ? » Toutes observations d’une gaieté innocente et folâtre qu’elle savait assaisonner d’une humeur si joviale et si amusante, que Smike lui fit en lui-même la déclaration qu’il n’avait jamais vu de dame plus aimable, sans en excepter Mme Grudden du théâtre de M. Vincent Crummles ; et pourtant c’était aussi une bien aimable dame et qui parlait peut-être encore plus, mais, dans tous les cas, certainement plus haut que miss la Creevy.

Enfin la porte s’ouvrit encore pour livrer passage à une dame en deuil, et Nicolas alla l’embrasser avec tendresse en l’appelant sa mère ; puis il l’amena près de la chaise d’où s’était levé Smike en la voyant entrer.

« Ma chère mère, dit Nicolas, vous êtes toujours si bonne aux affligés, si empressée à leur venir en aide, que vous ne pouvez manquer, je le sais, d’être bien disposée en sa faveur.

— Ne doutez pas, mon cher Nicolas, répliqua Mme Nickleby regardant sa nouvelle connaissance d’un air peu émerveillé, et lui rendant son salut avec un peu plus de majesté qu’il n’eût fallu peut-être en pareille circonstance ; ne doutez pas que nos amis aient (c’est trop juste et trop naturel, vous le savez) tout droit à mon bon accueil, et par conséquent que j’aie un très grand plaisir à voir tous ceux auxquels vous prenez intérêt. Cela ne peut pas faire l’ombre d’un doute. Certainement non, pas le moins du monde ; mais en même temps laissez-moi vous dire, mon cher Nicolas, comme je le disais toujours à votre pauvre cher père, quand il m’amenait des messieurs à dîner sans qu’il y eût rien à la maison, que, s’il était venu seulement l’avant-veille (aujourd’hui ce n’est pas l’avant-veille que je dois dire, mais bien l’année dernière), nous aurions été plus à même de le mieux recevoir. »

Après ces observations, Mme Nickleby se tourna vers sa fille, et lui demanda à voix basse, mais de manière à être entendue, si ce monsieur allait passer chez eux toute la nuit ; « car dans ce cas, ma chère Catherine, dit-elle, je ne sais pas où il serait possible de le mettre coucher ; il n’y a de place nulle part. »

Catherine fit quelques pas vers sa mère avec sa grâce ordinaire, et, sans montrer ni contrariété ni dépit, lui glissa quelques mots à l’oreille.

« Mon Dieu ! ma chère Catherine, dit Mme Nickleby reculant de quelques pas, comme vous êtes tourmentante ! Croyez-vous que je ne savais pas bien cela sans que vous eussiez besoin de me le dire ? mais c’est justement ce que je viens de dire à Nicolas ; je lui ai répété que j’en étais satisfaite… À propos,