Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 2.djvu/425

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Ce n’était plus qu’un galetas. Cependant on y voyait encore un vieux bois de lit démantibulé, celui où avait couché son fils, car il n’y en avait jamais eu d’autre. Il se détourna vivement pour ne pas le voir, et alla s’asseoir le plus loin de là qu’il put.

La lueur affaiblie des lanternes en bas dans la rue projetait encore assez de clarté par la fenêtre nue, sans jalousie et sans rideau, pour montrer l’aspect général de cette chambre à débarras, sans éclairer distinctement les divers objets qui s’y trouvaient pêle-mêle, de vieilles malles rattachées avec des ficelles, des meubles cassés. Il y avait un plafond en planches, haut d’un côté, et de l’autre descendant jusqu’au niveau du carreau de la mansarde. Ce fut vers la partie la plus haute que Ralph dirigea sa vue : il y tint les yeux attachés quelques minutes, se leva, traîna là un vieux coffre qui lui avait servi de siège, monta dessus, tâta la muraille à deux mains au-dessus de sa tête, finit par rencontrer le gros clou à crochet enfoncé solidement dans une poutre.

En ce moment, il fut interrompu par un grand coup de marteau à la porte de la rue. Après un instant d’hésitation, il ouvrit la fenêtre et demanda : « Qui est là ?

— Je demande à parler à M. Nickleby.

— Qu’est-ce que vous lui voulez ?

— Je ne reconnais pas la voix de M. Nickleby, » dit le visiteur.

Et en effet, sa voix n’était plus la même, quoique ce fût bien Nickleby qui parlait.

« Vous vous trompez, c’est bien moi.

— Je viens de la part des frères pour savoir ce que vous voulez qu’on fasse de l’homme que vous avez vu ce soir. Quoiqu’il soit déjà minuit, ils m’envoient vous le demander, pour ne rien faire contre votre avis.

— Qu’on le garde jusqu’à demain, répliqua Ralph ; après cela, qu’on l’amène ici avec mon neveu ; et les frères aussi ; ils peuvent compter que je serai prêt à les recevoir.

— À quelle heure ?

— À l’heure qu’ils voudront, répondit Ralph avec rage ; l’après-midi si cela leur convient, n’importe l’heure, la minute, tout m’est égal. »

Il écouta l’homme partir, jusqu’à ce qu’il n’entendît plus le bruit de ses pas, et alors, en regardant le ciel, il vit, il crut bien voir ce même nuage noir qui l’avait escorté jusque chez lui, et qui paraissait à présent rivé au-dessus de sa maison.

« Je comprends, murmura-t-il, c’est bien cela. Toutes ces