Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 2.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ques jours à Londres sans trouver le moment de m’en acquitter.

— Il n’y a pas grand mal à cela, dit M. Kenwigs ; ce n’est pas comme une omelette qu’il faut servir toute chaude… Une commission de la province ! dit M. Kenwigs ruminant en lui-même, voilà quelque chose de curieux. Je ne connais personne en province.

— Miss Petowker, continua Nicolas.

— Ah ! c’est donc d’elle, dit M. Kenwigs ; ah ! bien, Mme Kenwigs sera bien aise de savoir de ses nouvelles. Henriette Petowker ! n’est-ce pas bien singulier que vous vous soyez ainsi rencontrés en province ; eh bien ? »

En l’entendant prononcer le nom de leur ancienne bonne amie, les quatre demoiselles Kenwigs vinrent se mettre en rond autour de Nicolas, les yeux et la bouche tout grands ouverts pour mieux entendre. M. Kenwigs lui-même montrait quelque curiosité, quoique paisible et sans défiance.

« Ma commission, dit Nicolas avec un peu d’hésitation, intéresse les affaires de famille.

— Oh ! c’est égal, dit Kenwigs regardant du coin de l’œil M. Lumbey, qui enrageait d’avoir toujours sur les genoux le petit Kenwigs, sans que personne vînt le débarrasser du précieux fardeau dont il avait eu l’imprudence de se charger. Vous pouvez parler, il n’y a ici que des amis. »

Nicolas toussa deux ou trois fois et parut avoir de la peine à se mettre en train.

« C’est à Portsmouth qu’elle est, Henriette Petowker ? demanda M. Kenwigs.

— Oui, répondit Nicolas, ainsi que M. Lillyvick. »

M. Kenwigs devint pâle, cependant il se remit bientôt. « Voilà encore, dit-il, une singulière coïncidence.

— C’est lui, dit Nicolas, qui m’a chargé d’une commission pour vous. »

M. Kenwigs sembla renaître. L’oncle, connaissant la situation délicate de sa nièce, les envoyait prier sans doute de lui donner des détails particuliers. Oui, c’est cela, c’était bien aimable de sa part, on le reconnaissait bien là.

« Il m’a prié d’abord de vous exprimer toute sa tendresse, dit Nicolas.

— Je lui en suis bien reconnaissant, je vous jure. Votre grand-oncle Lillyvick, mes enfants ! cria M. Kenwigs expliquant d’un air aimable aux petites filles le message de leur excellent oncle.