Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 2.djvu/69

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Nicolas, avant d’aller se coucher, ne put s’empêcher de s’étendre avec complaisance sur toutes les bontés et la munificence des frères Cheeryble, et de raconter à sa mère le succès merveilleux dont avaient été récompensés ses efforts en ce jour. Mais il avait dit à peine une douzaine de mots, que Mme Nickleby, avec une foule d’œillades et de signes de tête, dont il ne comprenait pas le sens, fit remarquer que M. Smike devait être harassé, et déclara qu’elle ne voulait pas lui permettre absolument de rester là une minute de plus à lui tenir compagnie.

« Voyez-vous, dit Mme Nickleby à Nicolas, quand Smike fut sorti de la chambre après lui avoir souhaité le bonsoir, c’est assurément un très honnête garçon, mais vous m’excuserez, mon cher Nicolas, de ne pas aimer à faire cela devant du monde ; franchement, ce ne serait pas du tout convenable devant un jeune homme, quoique, après tout, je ne voie réellement pas le mal qu’il peut y avoir, si ce n’est que c’est une chose reconnue pour être malséante. Il ne manque pas de gens, cependant, qui ne sont pas de cet avis, et je ne vois pas pourquoi on leur donnerait tort, quand il est bien monté, et que les bordures sont bien plissées à petits plis, car, vous sentez, cela y fait beaucoup. »

Après cette préface, Mme Nickleby prit son bonnet de nuit entre les feuillets d’un livre de prières in-folio, où il avait été mis sous presse, et le noua sous son cou, toujours parlant à tort et à travers selon son habitude.

« On en dira ce qu’on voudra, mais c’est bien commode, un bonnet de nuit, et vous seriez vous-même de mon avis, Nicolas, si vous aviez des cordons d’attache au vôtre, et si vous l’enfonciez bien sur votre tête, comme un chrétien que vous êtes, au lieu de le pencher tout à fait sur le haut de votre tête, comme le turban d’un mécréant ; et cependant, vous auriez tort de croire que ce fût une chose ridicule et indigne d’un homme, que de trop s’occuper de son bonnet de nuit. Car j’ai souvent entendu votre pauvre cher père, et le révérend M…, je ne sais plus son nom, vous savez bien, celui qui faisait ordinairement la prière dans cette vieille église dont le petit clocher si curieux était surmonté d’une girouette qui a été jetée par terre par le vent, huit jours avant votre naissance. Je leur ai souvent entendu dire que les jeunes gens de l’université sont très difficiles pour leurs bonnets de nuit, et que les bonnets de nuit d’Oxford sont renommés pour leur force et leur solidité, de sorte que ces jeunes messieurs ne s’aviseraient pas d’aller se coucher sans en mettre un, et, si je ne me trompe, tout le monde s’accorde à dire qu’ils