Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 2.djvu/70

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savent bien ce qui est bon, et qu’ils ont bien soin de leurs petites personnes. »

Nicolas se mit à rire, et, sans vouloir pénétrer davantage dans le sujet de cette longue harangue, il revint sur les divertissements de l’anniversaire dont il avait eu sa part ; et Mme Nickleby ayant montré tout à coup une grande curiosité d’en connaître les détails, avec force questions sur ce qu’on avait eu à dîner, sur le service de la table, si c’était trop cuit ou pas assez cuit, sur les personnes qui étaient là ; sur ce que les MM. Cheeryble avaient dit, sur ce que Nicolas avait dit, et sur ce qu’avaient dit les MM. Cheeryble lorsqu’il avait dit cela. Nicolas, pour satisfaire aux désirs de sa mère, fit la description complète et détaillée des cérémonies du jour, sans oublier les circonstances intéressantes de son petit triomphe du matin.

« Mais, ajouta-t-il, il est pourtant bien tard ; eh bien ! je suis assez égoïste pour regretter que Catherine ne m’ait pas attendu ici ; je lui aurais tout conté ; le long du chemin, je me faisais un plaisir de penser que j’allais lui en faire le récit.

— Catherine, dit Mme Nickleby en mettant ses pieds sur le garde-feu dont elle approcha sa chaise, comme une personne qui s’installe à son aise avant de commencer une histoire de longue haleine, Catherine est allée se coucher il y a bien déjà une couple d’heures, et je suis charmée, mon cher Nicolas, de l’y avoir décidée, parce que je désirais beaucoup me ménager l’occasion de vous dire quelques mots ; vous verrez que ce n’est pas sans raison, et d’ailleurs c’est naturellement un véritable plaisir et une précieuse consolation d’avoir un grand fils, avec lequel on puisse communiquer en toute confiance et se consulter au besoin. Franchement, je ne sais pas trop à quoi servirait d’avoir des fils, si ce n’était pas pour pouvoir en faire ses confidents. »

Nicolas s’arrêta tout court, au milieu d’un bâillement provoqué par le sommeil, en entendant ce préambule, et fixa sur elle des yeux attentifs.

« Il y avait une dame dans notre voisinage, dit Mme Nickleby (c’est ce que nous disions des fils qui me remet cela en mémoire), une dame de notre voisinage, du temps que nous vivions près de Dawlish, je crois qu’elle s’appelait Rogers ; c’est cela : je ne me trompe pas,… à moins que ce ne fût Murphy. C’est toujours l’un ou l’autre.

— Est-ce d’elle, ma mère, que vous voulez m’entretenir ? dit Nicolas tranquillement.

— D’elle ! cria Mme Nickleby ; est-il possible, mon cher Ni-