Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome2.djvu/165

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plans eurent été déroulés. Il revint vers Mark en écumant de rage.

« Eh bien ! qu’y a-t-il donc, monsieur ? s’écria Mark.

– Ce qu’il y a ? … C’est mon projet de bâtiment.

– Votre projet, monsieur ? dit Mark.

– Mon collège. C’est moi qui l’ai composé ; c’est moi qui ai tout fait. Il s’est borné à y ajouter quatre fenêtres, le misérable ! et il l’a gâté ! »

Mark pouvait à peine d’abord ajouter foi à cette nouvelle ; mais s’étant convaincu ensuite qu’elle n’avait rien que de réel, il engagea Martin à ne point faire un éclat insensé, jusqu’à ce que son accès de colère fût passé.

Pendant ce temps, le membre des Communes adressait un speech à l’assemblée sur la tâche agréable qu’il venait de remplir.

Il dit que, depuis le jour où il avait pris place au parlement pour y représenter les intérêts des gentlemen de cette ville, et il pouvait ajouter, il l’espérait du moins, les intérêts des dames aussi (mouchoirs), ç’avait été pour lui un devoir charmant de venir souvent parmi ses commettants comme d’élever la voix pour eux dans un autre endroit (mouchoirs et applaudissements). Mais il n’était jamais venu parmi eux et jamais il n’avait élevé sa voix avec un plaisir aussi doux de moitié, aussi profond, aussi pur de tout mélange. « Cette journée, ajouta-t-il, sera éternellement mémorable pour moi, non-seulement à cause des motifs que j’ai indiqués, mais encore parce qu’elle m’a fourni l’occasion de faire personnellement connaissance avec un gentleman… »

Ici, il montra M. Pecksniff, qui fut couvert des plus bruyantes acclamations, et il posa sa main sur son cœur.

« Un gentleman qui, je suis heureux de le penser, remportera d’ici à la fois honneur et profit ; un gentleman dont la réputation était parvenue déjà jusqu’à moi (et à l’oreille de qui n’était-elle pas arrivée ! ), mais dont jusqu’à présent je n’avais pas eu l’insigne honneur de contempler les traits intelligents, et dont jamais non plus je n’avais eu le vif plaisir de goûter sa conversation intéressante. »

Chacun des assistants paraissait enchanté de cette communication, et les applaudissements redoublèrent.

« Mais j’espère, dit le membre des Communes, que mon honorable ami (naturellement il ajouta : « S’il veut bien me permettre de l’appeler ainsi ; » et naturellement M. Pecksniff s’in-