Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome2.djvu/19

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— Dame ! c’est que la chambre est bien triste, dit Merry, essayant de se remettre.

– Ce n’est encore rien, ça sera bien plus triste encore, si vous faites de ces grimaces-là. Vous êtes gentille en vérité de bouder dès votre arrivée ! … Tudieu ! vous n’étiez pas si morne que ça, quand il s’agissait de me tourmenter. Voyons ! la fille est en bas ; sonnez pour le souper, tandis que je vais ôter mes bottes. »

Elle le suivit des yeux jusqu’à ce qu’il eût quitté la chambre et se leva pour sonner. Mais au même instant, le vieux Chuffey posa doucement sa main sur le bras de Merry.

« Vous n’êtes pas mariés ? demanda-t-il d’un ton d’anxiété. Vous n’êtes pas encore mariés ?

– Si, depuis un mois. Bonté du ciel, qu’est-ce que vous avez donc ?

– Rien, » répondit-il, et il s’écarta d’elle.

Mais dans la crainte et l’étonnement qu’elle éprouvait elle se retourna et le vit lever ses mains tremblantes au-dessus de sa tête et elle l’entendit crier :

« Ô malheur ! malheur ! malheur sur cette maison maudite ! … »

– Telle fut la bienvenue de Merry dans la demeure conjugale.


CHAPITRE II.
Où l’on verra que les anciens amis peuvent non-seulement se révéler avec une physionomie nouvelle, mais encore sous de fausses couleurs ; que les gens sont disposés à mordre, et que chien qui mord peut bien se faire mordre à son tour.

M. Bailey junior (car ce personnage agréable, jadis si nécessaire à tous les pensionnaires de la maison Todgers, s’était régulièrement posé dans le monde sous ce nom sans se préoccuper d’obtenir du Parlement une permission positive à cet égard sous forme de bill particulier, ce qui, de toutes les sortes de bills, est bien la dépense la plus absurde), M. Bailey junior, tout juste assez grand pour être aperçu par un œil qui l’eût cherché soigneusement, tandis qu’à moitié caché par le