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donnoient anciennement des assignations à quelqu’un, ou qu’ils constituoient des prisonniers, ils touchoient l’oreille de celui qu’ils prenoient pour témoin, ou pour recors, qu’ils appeloient Antestatus ; c’est pourquoi Horace dit, Licet antestari ? Ego vero oppono auriculam. Lib. I. Sat. 9, vers.76, 77. De Roch.

Assigner, signifie aussi, créer une rente, & obliger certains fonds pour la sureté du payement ; donner un mandement, ou une rescription pour charger quelqu’un du payement d’une dette. Constituere. Le style des contrats de constitution porte : Il a été constitué, assis, & assigné une telle rente sur tous ses biens présens & à venir. Les gages des Officiers sont assignés sur la seconde partie de l’Epargne. Les rentes assignées sur le Clergé. On lui a assigné son douaire sur une telle terre ; une pension sur le public.

Assigner, signifie encore, donner, destiner. Il a assigné deux mille arpens de terre à Sextus Clodius le Rhéteur, exempts de toutes charges. Assigner des terres aux nouveaux habitans. Le Roi leur assigna une contrée pour habiter. Vaug. Ce gouvernement vous a été assigné. La société ne peut subsister si chacun ne se contient dans l’ordre, & dans le rang qui lui est assigné. De Launoy.

Assigner, veut dire aussi, faire connoître, indiquer. Indicare. Assigner les véritables causes des événemens. Ablanc.

On dit proverbialement, ou ironiquement, qu’une rente est assignée sur les brouillards de la rivière de Loire ; sur Janvier, Février & Mars ; pour dire, qu’on n’en aura jamais rien.

ASSIGNÉ, ÉE. part. Il a les significations de son verbe, en latin comme en françois.

Ces mots viennent du latin assignare, qui vient de signum.

ASSIMILATION. s. f. Action par laquelle des choses sont rendues semblables, ☞ ou ce qui fait qu’une chose devient semblable à une autre. Assimilatio. Ce mot est composé des mots latins ad & similis, semblable.

Assimilation en Physique, se dit d’un mouvement par lequel des corps transforment d’autres corps qui ont une disposition convenable, en une nature semblable à leur propre nature.

☞ Dans les corps animaux les alimens se transforment en substance animale par la digestion & les autres opérations nécessaires à la nutrition. Voyez Nutrition.

☞ Dans les végétaux, les sucs de la terre préparés, digérés, raffinés dans les vaisseaux d’une plante sont changés en matière végétale. Voyez Végétation.

Assimilation. s. f. Bari dit que c’est une figure de Rhétorique, par laquelle on adoucit un peu les choses. Assimilatio. Exemple : je ne veux pas dire qu’il soit fou ; mais on peut avancer qu’il est quelquefois bourru.

☞ ASSIMILER. v. a. Rendre semblable. Assimilare, similem reddere. La digestion & les autres opérations nécessaires à la nutrition assimilent le chyle au sang. Ce mot n’est pas d’un service fort étendu. Je ne voudrois pas qu’on s’en servît hors du Physique. Personne, à ce que je crois, ne s’avisera de dire avec les Vocabulistes, assimiler ses idées, aux idées d’un autre.

ASSIMILÉ, ÉE. part. Similis factus. Rendu semblable à quelque chose. Traité de Litholog. & de Conchyliologie.

ASSIN, ou ASSINBERG. Assinum, Assinberga, est un bourg de l’Ecosse septentrionale, sur la rivière d’Assin, & dans le comté d’Assin.

Assin. rivière de l’Ecosse septentrionale. Assinus, Itys, Itis. Elle coule dans le comté d’Assin, traverse le lac d’Assin, & se décharge dans l’Océan Calédonien, au bourg d’Assinberg.

Le comté d’Assin, ou Assinshire, est une contrée du comté de Roff, dans le nord de l’Ecosse. Assinus pagus, ou comitatus. Ce comté s’étend le long de l’Océan Calédonien, aux frontières du comté de Southerland & de celui de Stratenaverg.

☞ ASSINÉ, selon Bosman, ASSINI, selon de Lisle, ASSINIE, selon Baudrand. Pays d’Afrique, en Guinée, le premier qu’on trouve en abordant sur la côte d’Or du côté de l’Occident.

☞ ASSINIBOULS, ou ASSINIBOILS. Peuple sauvage du Canada qui habite sur le bord d’un lac du même nom. Ils sont peu connus.

ASSIS, ASSISE. adj. Voyez Asseoir.

Assis. s. m. C’est la même chose que l’opium ou méconium. Composition dont se servent les Egyptiens pour se rendre gais. C’est une poudre de feuilles de chanvre qu’ils pétrissent avec de l’eau, & dont ils font des pilules grosses comme des châtaignes. Lorsqu’ils veulent se mettre de bonne humeur, ils avalent cinq ou six de ces pilules. Petit, dans son Traité du Nepenthès. Ces bols les jettent dans une espèce d’yvresse qui dure une heure, & leur donne des idées extrêmement agréables. Prosper Alpin, de Med. Egypt. Lib. IV. cap. 2. Les Turcs l’appellent aussi assiral. Voyez ce mot.

Assis. s. f. Terme de Coutume. Est un droit que les Seigneurs lèvent en quelques provinces sur les chevaux & autres bêtes qui servent au labourage. Ce droit est aussi appelé en quelques lieux, Droit de tirage Il est différent suivant les différentes coutumes.

ASSISE. Terme de Maçonnerie. Rang de pierres de taille qu’on pose en situation parallèle à l’horizon, pour élever une muraille. Collocatio Lapidum ad libellam & horizontem. Il y a douze assises de pierre aux fondemens de ce dôme.

Assises, au pluriel, terme de Palais. C’est une séance extraordinaire que des Juges supérieurs vont tenir dans des Sièges inférieurs, & dépendans de leur juridiction, pour voir si les Officiers subalternes font leur devoir, & pour recevoir les plaintes qu’on fait contre eux. Judicum ad jus statis diebus dicendum Consessus. Autrefois les Baillis & Sénéchaux, qui jugeoient en dernière instance, alloient tenir leurs assises dans les terres des Seigneurs de leur ressort, peur entendre les plaintes contre leurs Officiers, & juger les causes d’appel. Aujourd’hui les assises ne sont autre chose que des séances marquées & fixées, qui se tiennent d’ordinaire de 40 jours en 40 jours, par les Baillis ou Sénéchaux, & où se passent certains actes solennels ; comme les criées pour les décrets, les adjudications, &c.

On appelle quelquefois les Grands-Jours Assises, comme on a fait toutes sortes de plaids solennels, & extraordinaires.

On dit, qu’un homme tient ses assises dans une maison, pour dire, qu’il y est fort écouté, fort applaudi, qu’il y domine.

☞ On nomme encore assises des séances extraordinaires que tiennent les Officiers des Seigneurs de fief pour faire rendre l’hommage, les aveux & dénombremens auxquels les vassaux sont tenus.

Assise, étoit anciennement une assemblée qui se faisoit dans la cour du Prince, de plusieurs personnes notables, pour juger souverainement des affaires de conséquence, & dont les arrêts doivent être inébranlables. Comitia. Comme les Vicomtes n’étoient dans leur origine que les Lieutenans des Comtes, qui rendoient la Justice en leur place, ils avoient deux sortes de séances : l’une qu’on appeloit plaids, ou jours ordinaires, parce ou elle se tenoit tous les jours ; & l’autre qu’on appeloit assises, ou grands plaids, parce qu’elle étoit tenue par le Comte, & que c’étoit une assemblée solennelle, où se trouvoient les plus considérables vassaux, pour y juger les affaires les plus importantes. Ces assises s’appeloient aussi mallum, on placitum majus. Mais l’autorité de ces assises, qui jugeoient sans appel, a été attribuée aux Parlemens : & de-là vient la coutume qui s’observe encore ; c’est qu’à l’ouverture du rôle de chaque Bailliage, les Juges doivent comparence à la Cour ; non comme autrefois à l’Assise, pour répondre de leurs jugemens : c’est une formalité & un respect, que le Parlement exige des Juges inférieurs, dont l’appel y est porté immédiatement. Il y avoit deux sortes d’assises. La grande étoit composée de douze Nobles, qui jugeoient l’épée au côté. La petite Assise étoit de douze hommes choisis entre les gens de Loi. Il y avoit aussi de grandes Assi-