Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/598

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
574
ASS

L’assortiment est composé de toutes les couleurs employées en peinture.

Assortiment, se dit aussi chez les Marchands, de plusieurs marchandises qu’il faut acheter, ou amasser, pour faire le fonds d’une boutique, & pour avoir de quoi contenter ceux qui viendront acheter. Rerum multarum congeries. Ce marchand a mandé à son facteur de lui envoyer un assortiment de brocards, de dentelles, & autres marchandises. Les Libraires disent aussi, un assortiment de livres, ou livres d’assortiment. Ces livres d’assortiment sont ceux que les Libraires tirent, soit des Libraires tant de Paris que des Provinces, soit des Pays étrangers, par échange, achat, ou autrement. Les livres de sortes sont tout ce qu’ils impriment eux-mêmes en vertu de privilèges ou permissions.

Assortiment, se dit aussi parmi les Imprimeurs, de tout ce qui convient à chaque corps de caractères ; comme les grosses & petites capitales, la courante, &c.

☞ On le dit dans le même sens d’un certain nombre de caractères, suffisant pour le travail ordinaire de l’Imprimerie.

ASSORTIR. v. a. On conjuge : J’assortis, tu assortis, il assortit, nous assortissons, vous assortissez, ils assortissent. A l’imparfait, j’assortissois. Au prétérit, j’assortis, tu assortis, il assortit, nous assortîmes, vous assortîtes, ils assortirent, & j’ai assorti, tu as assorti, &c. Au futur, j’assortirai, Au subjonctif, que j’assortisse, &c. A l’impératif, assortis, assortissez. Mettre ensemble plusieurs choses, de manière qu’elles se conviennent. Adjicere quæ rei conveniant. On m’a pris une partie de mon ameublement, je voudrois bien trouver de quoi l’assortir. Cette étoffe est fort belle, il faut l’assortir de quelque doublure qui lui convienne. Assortir diverses couleurs.

☞ Nous ne ferons que joindre ici les deux exemples que donnent les Vocabulistes pour l’explication du verbe assortir, sans nous permettre aucune de ces railleries amères qui sont si familières à ces Compilateurs. Voici ces deux exemples. La doublure n’assortit pas l’étoffe de cet habit. Ce lit assortit bien cette tapisserie. Jusqu’à présent on avoit dit, assortir une étoffe avec une autre : assortir un lit avec une tapisserie. Assortir des couleurs, &c. Mais voici un langage tout nouveau. C’est une couleur qui assortit une autre couleur ; une doublure qui assortit l’étoffe d’un habit ; un lit qui assortit une tapisserie. L’Académie enrichira-t-elle son Dictionnaire de ces nouvelles façons de parler.

Assortir, se dit figurément des personnes. Componere. Ce mariage est mal assorti ; c’est à-dire, le mari & la femme sont de condition inégale, ou d’humeur toute différente. Cet homme n’est point heureux à assortir les gens. Il est aussi nécessaire de bien assortir les gens dans un repas, que les couleurs en habillement. M. Scud. Un vieillard qui épouse une jeune fille, s’expose à tous les malheurs du mariage : cet assemblage est trop mal assorti.

Assortir, se dit aussi pour fournir de toutes les choses qui conviennent, & principalement de toutes celles qui regardent le trafic, la marchandise. Instruere. Ce marchand a le soin d’assortir sa boutique, son magasin de toutes sortes d’étoffes. Vous pouvez aller chez un tel, il a de quoi vous assortir.

Assortir, est aussi un terme de Chapelier. C’est mettre la forme dans un chapeau en blanc. Assortir un chapeau.

Assortir, terme de Plumassier. C’est choisir les plumes de même grandeur, & les assembler avec des couleurs convenables.

Assortir, terme de Haras. C’est donner à un Etalon la jument qui lui convient le mieux.

Assortir, est aussi quelquefois neutre, & signifie convenir, avoir du rapport. Convenire. Cette garniture assortit bien, elles vous convient fort bien. Ces couleurs n’assortissent pas bien ensemble. Vous ne trouverez rien qui assortisse à cela, ou avec cela. Il cherche un cheval de carrosse qui puisse assortir à ceux qu’il a.

ASSORTI, IE. part. ☞ il a les significations du verbe. Meubles assortis. Couleurs assorties. Marchand bien assorti.

Tous ces mots viennent du latin, sors, sort, condition, fortune.

ASSORTISSANT, ANTE. adj. Qui convient, qui assortit bien. Une couleur assortissante à une autre.

ASSOTER. v. a. Rendre sot, gouverner quelqu’un avec empire. Infatuare. Cet homme est fort assoté de sa femme. Un amour trop violent assote les plus habiles. Ce mot est du plus bas style, & n’est même en usage qu’au participe dans le discours familier.

ASSOTÉ, ÉE. part. Rendu Sot, entêté, infatué. Infatuatus. Jamais on ne vit père plus assoté de ses enfans.

ASSOTO. Lieu situé près du village d’Offea, dans le royaume de Grenade, aux confins de celui de Murcie. On croit qu’Assoto est l’ancienne Asso, ville de l’Espagne Tarragonoise.

☞ ASSOUPIR. v. a. Causer une disposition prochaine au sommeil. Procurer un état dans lequel les actions volontaires du corps & de l’ame paroissent éteintes, & ne sont que suspendues. Sopire. Soporare. L’opium, le pavot assoupissent. Il y a des livres qui ont la propriété de l’opium, qui assoupissent.

Assoupir, signifie par extension, diminuer la violence pour un temps. Un remède capable d’assoupir les grandes douleurs.

☞ On dit du feu qui n’est pas tout-à fait éteint, qu’il n’est qu’assoupi.

Assoupir, se dit figurément pour empêcher l’éclat, le progrès, les suites des procès, des querelles, des passions. Sedare, comprimere. Cette sédition paroissoit assoupie. La guerre n’étoit pas éteinte, elle n’étoit qu’assoupie. Il avoit un procès criminel, qu’il a eu l’adresse d’assoupir. Son amour a été quelque temps assoupi, mais il s’est réveillé. On eut dit qu’ils avoient l’art d’assoupir l’ardeur naturelle des Athéniens pour la liberté. Tourreil. Assoupir une querelle.

Assoupir, est aussi réciproque. Il signifie la même chose que s’endormir. S’assoupir après le repas.

ASSOUPI, IE. part. pass. Sopitus.

ASSOUPISSANT, ANTE. adj. Qui assoupit. Soporifer. Les fumées de la bière sont encore plus assoupissantes que celles du vin.

ASSOUPISSEMENT. s. m. Terme de Médecine. Sopor. Diminution de sentiment & de mouvement dans l’animaL État de l’animal dans lequel les actions volontaires de son corps & de son ame paroissent éteintes, & ne sont que suspendues. Il est dans un grand assoupissement. L’assoupissement des nerfs est leur engourdissement.

Assoupissement, dans le sens figuré, désigne une négligence excessive, qui tient de la nonchalance & de l’indolence, pour ses devoirs, pour ses intérêts. Indolentia, stupor. Ce jeune homme ne s’occupe ni de ses devoirs, ni de ses intérêts ; il est la-dessus dans un assoupissement étrange. Sortir, revenir de son assoupissement. Il faut épouvanter le pécheur pour le réveiller de son assoupissement. P. Rap.

☞ ASSOUPLIR. v, a. Rendre souple. Flexilem reddere. Assouplir un cuir, une étoffe.

Assouplir. Terme de Manège. Flectere, inflectere, flexilem reddere. Rendre souple un cheval, lui faire plier le cou, les épaules, les côtés, & autres parties du corps à force de le manier, de le faire trotter & galoper. La rêne de dedans du cavesson attachée courte au pommeau est très-utile pour assouplir les épaules au cheval. Newc. Il faut aider de la rêne de dehors pour assouplir les épaules. Id. Ce pli lui assouplit extrêmement le cou. Id. Assouplir & rendre léger est le fondement de toutes choses au manège.

Assouplir, se dit aussi au figuré. Assouplir le caractère de quelqu’un. Acad. Fr. Je ne crois pas ce mot fort en usage, au moins dans le style noble.

ASSOUPLI, IE. part.

ASSOURDIR. v. a. Rendre sourd. Exsurdare. On dit que le bruit des cataractes du Nil assourdit les peuples des environs. Le bruit du canon assourdit.

Assourdir. Terme de Peinture. C’est diminuer la lumière & les détails dans les demi teintes. Acad. Fr.

☞ Chez les Graveurs, assourdir les reflets, se dit dans