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gédie doit intéresser & attacher les spectateurs S. Evr. L’histoire attache le lecteur par le récit des événemens merveilleux.

Inventez des ressorts qui me puissent attacher. Boil.

Apprenez que suivi d’un nom si glorieux
Par-tout de l’univers j’attacherois les yeux. Rac.

Attacher, signifie encore dans le sens figuré lier par quelque chose qui engage, qui oblige à quelque devoir, ou à quelque marque de reconnoissance. Un Prince attache quelqu’un à son service par un emploi qu’il lui donne. Deux hommes sont attachés l’un à l’autre par une amitié réciproque. Le devoir nous attache auprès de quelqu’un. Les bienfaits nous attachent à notre bienfaiteur.

Je veux rompre les nœuds qui m’attachent à vous. Rac.

Attacher, synonyme d’appliquer. L’étude des Mathématiques attache beaucoup. Le jeu attache trop les jeunes gens. Attacher son attention à quelque chose.

Attacher, se dit encore, toujours au figuré, pour dire faire dépendre les choses les unes des autres, comme si elles étoient inséparables, comme si l’une étoit la cause ou l’occasion de l’autre. Dieu a attaché notre bonheur dans cette vie & pour la vie future à la pratique des vertus chrétiennes. La plûpart des événemens sont autant de moyens auxquels Dieu a attaché notre sanctification. Les Rois n’ont pas besoin de raffiner beaucoup pour s’appercevoir que les louanges qu’on leur donne, sont attachées à leur rang. Mon sort est attaché au vôtre.

Le ciel n’attache point mon bonheur à ses jours. Rac.

Attacher, avec le pronom personnel, signifie, se joindre, se coller, s’accrocher. Inhærere, adhærescere. La terre grasse s’attache aux souliers, la poix aux habits. Quand on se noie, on s’attache à tout ce qu’on peut attraper. ☞ Un chien s’attache à sa proie. Ces deux ennemis s’attachent si fortement l’un à l’autre, qu’on ne peut les séparer. Et figurément, on dit, qu’un homme s’attache auprès de quelqu’un ; pour dire, qu’il lui fait la cour, qu’il se dévoue à son service, soit par devoir, soit par affection. Je m’attache à tout votre destin. Mol. Ce n’est pas l’éclat de ta fortune qui nous attache à toi. Vaug.

On dit qu’un homme s’attache trop à son sens, à son profit, à ses intérêts ; pour dire, qu’il est opiniâtre, qu’il est avare, qu’il ne relâche rien de ses prétentions.

Attacher, avec le pronom personnel, signifie encore, s’appliquer à quelque chose. Animum adjungere alicui rei, ad aliquid incumbere. S’attacher à l’étude : s’attacher à remplir les devoirs de sa charge ; s’attacher au barreau, s’attacher au solide ; s’attacher à la volupté ; pour dire, s’y appliquer fortement, s’y adonner entièrement. L’agrément de ceux qui s’attachent plus à bien parler, qu’à bien penser, ne plaît pas long-temps. Vall. Les hommes naturellement malins ne s’attachent qu’aux défauts des autres, & ne remarquent pas leurs vertus. Bell.

Je songe à me connoître ;
Et c’est l’unique étude où je veux m’attacher. Boil.

On dit aussi s’attacher, pour dire, avoir de l’attachement & de l’inclination pour quelqu’un, ou pour quelque chose. Studere alicui. Les mélancoliques croient aimer ceux à qui ils ne s’attachent que par un choix capricieux. M. Esp. Celui qui s’attache à la vérité sans raison, est opiniâtre. Ablanc.

☞ On dit, en termes de Peinture, que les objets s’attachent, lorsqu’ils paroissent tenir ensemble, quoique l’Artiste ait supposé de l’espace entr’eux. Acad. Fr.

ATTACHÉ, EE. part. Alligatus, vinctus, fixus, defixus. Il n’osoit avoir les yeux attachés sur elle, parce qu’il craignoit de laisser trop voir le plaisir qu’il avoit à la regarder. P. de Cl. attaché à l’étude, à ses devoirs, au plaisir, &c.

On dit proverbialement qu’il faut que la vache broute où elle est attachée ; pour dire, qu’il faut vivre du mieux qu’on peut dans le lieu où on est contraint de demeurer.

☞ On dit dans le sens figuré un homme attaché, c’est-à-dire un homme qui aime l’épargne & fuit la dépense ; distingué en cela de l’homme avare qui aime la possession & ne fait aucun usage de ce qu’il a ; & de l’homme intéressé, qui aime le gain, & ne fait rien gratuitement. L’attaché s’abstient de ce qui est cher. L’avare se prive de ce qui coûte. L’intéressé ne s’arrête guère à ce qui ne lui produit rien. On manque quelquefois sa fortune, pour être trop attaché, comme on se ruine en faisant trop de dépense. Les avares ne savent ni donner ni dépenser ; ils se laissent seulement extorquer par la nécessité ou par le besoin ce qu’ils tirent de leur bourse. Il y a des personnes qui pour être intéressées, n’en sont pas moins prodigues ; elles donnent libéralement à leurs plaisirs ce que l’avidité du gain leur a fait acquérir.

☞ ATTACHEUSE s. f. Nom que l’on donne dans les Manufactures de soie, aux filles dont la fonction est d’attacher les cordages qui servent dans les métiers.

☞ ATTALIE. Attalia. Ville de la Pamphilie, au bord de la mer qui y forme un golfe. C’est présentement Satalie.

☞ Etienne le Géographe place une autre ville de même nom dans la Lydie. On lui donne la même situation dans les Notices Episcopales. Ce qui fait voir combien est inutile la correction de Berkelius qui croit qu’il faut Lycie au lieu de Lydie. L’erreur qui se trouvoit dans le Dictionnaire de Trévoux dans cet article, étoit-elle de nature à devoir allumer la bile des Vocabulistes, comme s’il eût été question d’une erreur en matière de foi ? Ce n’est point une prétention de ce Dictionnaire. On suivoit la correction d’un Auteur qu’on peut citer.

☞ ATTANCOURT. Village de France, en Champagne, à une demi-lieue de Vassi, sur la rivière de Blaise. Il y a des eaux minérales ferrugineuses, bonnes pour la guérison de plusieurs maladies.

☞ ATTANITES. Sorte de gâteaux que faisoient les Anciens. Il ne nous en reste que le nom. Encyc.

ATTAQUABLE. adj. Qu’on peut attaquer. Ce n’est point cette partie de l’arrêt qui seroit attaquable. Mém. de M. le Duc du Maine. 1761 : inattaquable est reçu : pourquoi attaquable ne l’est-il pas ?

ATTAQUANT. s. m. Qui attaque, assaillant. Oppugnator. Les premiers attaquans ont souvent l’avantage du combat. La seconde Palissade sert à l’attaquant, aussitôt qu’il est logé sur le chemin couvert. Son plus grand usage est au pluriel.

ATTAQUE. s. f. ☞ Aggressio. Action par laquelle on attaque l’ennemi. Effort ou tentative qu’on fait pour repousser l’ennemi ou pour se rendre maître d’un poste. Attaque fort vive & imprévue. L’attaque a été chaude, pour dire que le combat a été rude & sanglant. Les ennemis furent repoussés dès la première attaque.

☞ On le dit particulièrement d’un assaut donné à une ville. Oppugnatio. Aller à l’attaque d’une place. Donner une attaque générale. On fit trois attaques, deux fausses & une véritable. Plusieurs Auteurs ont écrit de l’attaque, & de la défense des places. On dit, commencer, entreprendre, donner, soutenir une attaque.

Attaque, se dit aussi des tranchées & des travaux qu’on fait pour approcher d’une place. Oppugnatio. L’attaque de la droite sur plutôt achevée que celle de la gauche. On dit aussi, emporter une place par de droites attaques, c’est-à-dire, dans les formes, & par des travaux réglés, au lieu de la prendre par insulte. Fausse attaque, est un travail que l’on pousse seulement pour obliger les assiégés à partager leurs forces.

Attaque brusquée, ou d’emblée, est celle que l’on fait sans observer toutes les précautions & les formalités qui s’observent ordinairement dans un siége réglé.