Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/634

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
610
ATT

Ce mot vient de adtitulare, qu’on a dit pour instribere. Ménage après Vossius.

D’autres le dérivent, & plus à propos, car métaphore, de titre, terme de chasse, qui signifie le lieu, ou le relais où l’on pose les chiens en embuscade pour courir les bêtes ; car en effet les assassins & les faussaires cherchent des lieux & des occasions propres pour nuire. On appelle dans le propre des chiens attitrés, ceux qui sont posés dans les relais, qui attendent la chasse pour courir sur le gibier quand il paroîtra.

ATTITRÉ, ÉE. part. Corruptus, subornatus.

ATTITUDE. s. f. Terme de Peinture & de Sculpture. Certaine disposition des figures d’un tableau, ou l’action & la posture d’une statue. Status, habitus, gestus, situs. Ce Peintre a un beau coloris, mais il n’est pas heureux à donner de belles attitudes à ses figures.

☞ Quoique le mot attitude soit la position ou l’action des figures en général, il semble convenir particulièrement à celles qu’on a mises dans une position tranquille. On dit l’attitude, & non l’action d’un corps mort.

Ce mot vient de l’Italien attitudine ; & plutôt du latin habitudo corporis.

Attitude, se dit au figuré, pour exprimer l’état & la situation des personnes. C’est en ce sens qu’on a dit de Bubesque, que les attitudes où il met Henri III, la Reine mere, le Duc d’Alençon, le Roi de Navarre, la Reine Marguerite, le Duc de Guise, le Duc d’Epernon & les autres Courtisans de ce temps, nous les montrent du côté qui nous en découvre le fort & le foible, le bon & le mauvais. Voyez Vigneul Marville.

Attitude, est aussi un terme de Maître à danser & de Maître à écrire. Position du corps & de la tête quand on danse ou qu’on écrit. Voici un essai des plus beaux mouvemens & des plus belles attitudes, dont une danse puisse être variée. Mol. Il a une belle attitude quand il danse, quand il écrit.

ATTLAS. s. m. Satin de soie fabriqué aux Indes. Il y en a de pleins, de rayés, & à fleurs, dont les fleurs sont ou d’or, ou seulement de soie. Il y en a aussi de toutes fortes de couleurs, mais la plûpart fausses, sur-tout les rouges & cramoisi. Voyez Atlas.

ATTOCK. s. m. Voyez Atok.

ATTOLE. s. f. Sorte de teinture rouge. Voyez Anatte.

ATTOLLON. s. m. Amas de plusieurs petites îles qui sont presque jointes ensemble. Les îles Maldives, qui sont au nombre de plus de douze mille, selon quelques-uns, sont séparées en treize parties principales, appelées Attollons par les Insulaires. Ces îles sont situées vers la pointe de la presqu’île de l’Inde, au-deçà du Golfe de Bengale. Il y a douze grands détroits qui détachent un Attollon d’avec l’autre, & de forts petits canaux, où la mer est basse, séparent les îles.

ATTOMBISSEUR. s. m. Terme de Fauconnerie, qui se dit d’un des oiseaux qui attaque le héron dans son vol. Quelques-uns lui donnent la première attaque, d’autres la seconde. Ce faucon est un bon attombisseur.

ATTOUCHEMENT. s. m. Action par laquelle on touche. Tactio, tactus, contactus. La lumière est l’objet de la vue, & les corps palpables le sont de l’attouchement. On se purgeoit autrefois d’un crime par l’attouchement du fer chaud.

On le dit souvent en mauvaise part des impudicités, de certains péchés d’impureté. Attouchemens deshonnêtes. Attrectatio, attectatus.

C’est aussi un terme de manège, qui signifie l’action du Cavalier, ou l’aide qu’il donne au cheval de la main par le moyen de la bride, & du talon par le moyen de l’éperon. Il ne faut point que les chevaux soient conduits par la vue & par l’ouie ; mais seulement par attouchement à la bouche & aux côtés. Il faut que l’attouchement seul opère.

ATTOUCHER. v. n. Vieux mot, qui signifie, appartenir par consanguinité, par affinité. Attoucher de parenté à quelqu’un, être son parent. Attingere cognatione.

ATTOURNANCE. s. f. Terme de Coutume. C’est un changement de Seigneur, par lequel les vassaux renoncent à l’obéissance qu’ils dévoient à leur ancien Seigneur, & s’engagent à la même obéissance à l’égard de celui qui devient leur Seigneur, par achat, ou autrement. On joint ces deux mots attournance & avirance. Voyez Dargentré.

ATTOURNEMENT. s. m. Terme de Coutume, qui veut dire la même chose qu’attournance.

ATTRACTIF, VE. adj. Qui a la propriété d’attirer. Attrahendi vim habens, attrahendi vipræditus. La cause de la qualité attractive de l’aimant est expliquée par Descartes & Rohaut. Les Médecins ont des remèdes attractifs qui sont chauds, & attirent au-dehors, comme l’ail, le porreau, la racine de brionia, &c. ☞ Ces remèdes appliqués extérieurement pénètrent les pores, divisent les matières, & les disposent à s’évacuer. Bandage attractif ; c’est-à-dire, qui attire & rappelle les esprits à une partie amaigrie.

ATTRACTION. s. f. Action de ce qui attire, ou état de ce qui est attiré par la propriété qu’a un corps de faire que d’autres corps soient attirés ou poussés vers lui. Attractio. Il y a des pompes qui font leur effet par attraction, & d’autres par compression. Tous ces termes sont en quelque sorte consacrés à la physique. Les Philosophes Cartésiens ne reconnoissent point de mouvement par attraction, mais seulement par impulsion. Ils prétendent qu’on n’a aucune idée de cette cause particulière du mouvement qu’on appelle attraction. Roh.

On peut remarquer dans le cours & dans l’économie de la nature plusieurs sortes d’attractions ; comme celle qui se fait par suction, par laquelle j’ai vu une balle de plomb au fond d’un long fusil exactement travaillé, suivre l’air qu’une personne suçoit à l’embouchure du canon, avec une telle impétuosité & roideur, qu’elle lui cassa les dents. L’attraction de l’eau ou du vin, qui se fait par un Siphon, est semblable à celle-ci ; par son moyen on fait passer une liqueur d’un vase dans un autre sans la troubler, sans en faire monter la lie. Il y a une autre sorte d’attraction qui s’appelle magnétique, par laquelle l’aimant attire le fer. Une autre électrique quand le carabé ou le jayet attire la paille. Une autre de la flamme, quand la fumée d’une chandelle éteinte, attire la flamme d’une chandelle allumée, & la fait descendre pour allumer celle qui est éteinte. Une autre est de filtration, quand un corps humide monte par un autre corps sec, ou que le contraire se fait. Et enfin quand le feu ou quelque chose chaude attire l’air, & ce qui est mêlé avec lui. Digby. Discours sur la Poud. Symp. p. 74, 75.

L’Attraction, dans la Philosophie ancienne, étoit une qualité inhérente aux corps, en vertu de laquelle ils agissent sur d’autres corps éloignés, & les tirent à eux. Dans la Philosophie Newtonienne, on entend par attraction, un principe indéfini, en vertu duquel toutes les parties, soit d’un même corps, soit de corps différens, tendent les unes vers les autres ; ou, pour parler plus exactement, l’attraction est l’effet d’une puissance par laquelle chaque particule de matière tend vers une autre particule.

L’Attraction est active, passive, ou mutuelle.

☞ Exercer une attraction active sur un corps, c’est être cause du mouvement accéléré de ce même corps abandonné à lui-même. C’est ainsi, disent les Newtoniens, que la terre exerce une attraction active sur une pierre jetée en l’air, parce qu’elle est cause de la chute accélérée de cette pierre.

☞ Souffrir une attraction passive de la part d’un corps, c’est être obligé de tomber vers ce corps : c’est tendre vers ce corps quelque soit la cause de cette tendance. Une pierre jetée en l’air souffre une attraction passive de la part de la terre, parce qu’elle est obligée de tomber vers la terre. Il en est de même, non-seulement de tous les corps sublunaires, par rapport au globe terrestre, mais encore de tous les corps qui tournent autour du soleil par rapport à cet astre. Les premiers abandonnés à eux-mêmes tomberoient sur la terre, & les seconds se précipiteroient dans le soleil.

☞ Deux corps exercent l’un sur l’autre une attraction