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BAL

d’horribles convulsions pendant trois jours… Saint Grégoire de Tours. Journ. des Sav.

BALBUTIER. v. n. Prononcez BALBUCIER. Parler avec difficulté, soit par le défaut de l’organe, quand on a la langue grasse, soit faute de présence d’esprit ou de mémoire. Balbutire. Celle qui est sujet à balbutier ne peut jamais être un parfait Orateur. Quand on a trop bû on commence à balbutier.

Balbutier, se dit aussi figurément, pour dire, parler sur quelque sujet confusément & sans connoissance. Il a voulu parler sur cette affaire, & il n’a fait que balbutier. Balbutire de re aliquâ.

Balbutier, est quelquefois actif. Il n’a fait que balbutier son compliment, son rôle. Acad. Fr.

☞ BALCH, ou BALCK. Voyez BALCKHE.

BALCON. s. m. Avance, construction de pierre ou de bois, portée sur des colonnes, attachée en saillie au-delà du mur d’un bâtiment, & enfermée d’une balustrade de fer ou de bois, pour y prendre l’air, ou pour découvrir de plus loin. Podium, menianum. On appelle aussi balcon, la balustrade même de fer composée de balustres plats ou ronds, avec frises sous l’appui, & des pilastres de fer aux encognures. Les grands balcons sont ceux qui portent en saillie, & qui sont plus larges de les croisées. Les petits balcons sont ceux qui sont entre les tableaux des croisées, & qui servent d’appui.

Balcons sur la mer, sont des galeries qu’on éleve sur le devant, & aux têtes de certains vaisseaux, ou pour l’ornement, ou pour la commodité.

Ce mot vient de l’italien balcone, qui a été fait du latin palcus, ou de l’allemand balk, qui signifie poutre. Men. Du Cange, après Acharisius, dit que c’est un nom propre venu des Vénitiens ; quelques-uns disent des Génois. Covarruvias croit que ce mot vient du grec βάλλειν, jacere. Car il dit que les balcons sont proprement des avances, des tourillons sur les portes des citadelles, d’où on lançoit toutes sortes de traits sur les ennemis. Le P. Janning, Jés. dans les Act. SS. Jun. Tom. I, p. 709. D. sur le mot balconum, qui se trouve dans les Actes de S. Bertrand, Patriarche d’Aquilée, dit que ce mot est un augmentatif de palcus, qui signifie suggestus ; que l’un & l’autre de ces mots ont été portés en Italie par les Lombards, & qu’ils viennent de l’allemand balk, qui signifie poutre.

BALDACHIN, ou BALDAQUIN. s. m. Dais ou poile qu’on porte sur le S. Sacrement, ou sur la tête du Pape dans les grandes cérémonies. Umbella. Borel témoigne que Baldechinum est un vieux mot françois, qui signifioit la plus riche des étoffes qui étoit tissue de fil d’or, & dont la trame étoit de soie recamée de broderie. On tient qu’il a été ainsi nommé, à cause qu’il venoit de Baldac, ou de Babylone, en Perse. On l’a appelé aussi en vieux françois baudequin. Voyez Du Cange.

On appelle aussi baldaquin, un ouvrage d’Architecture, qu’on éleve en forme de dais, ou de couronne sur plusieurs colonnes, pour servir de couverture à un autel. Le baldachin du Val-de-Grace est superbe & magnifique. Je veux bien qu’on se serve de baldaquins dans nos Eglises Gothiques, qui n’ont pour l’ordinaire par elles-mêmes nulle beauté, nulle grandeur. Je les y souffrirois, pourvû qu’il n’y ait rien d’autre. Mais que sous une coupolle, comme celle du Val-de-Grâce, par exemple, qui est d’une grande beauté, on voie au-dessus de l’autel une petite espèce de ciboire, qui est mal conçu, écrasé, enterré, & recogné contre la muraille, & qui n’ajoute rien à la splendeur de son dôme : cela n’est pas supportable. Cordemoy.

☞ On dit aussi le baldaquin d’un catafalque, & un lit à baldaquin. Acad. Fr.

Ce mot est Iralien, & vient de baldachino.

BALDECHILDE. Baldechildis. On en a fait Bathilde. Voyez ce mot.

BALDERIC. s. m. Baldericus. Nom d’homme, dont s’est fait Baldric, Baldry, Baudry, nom que portent encore quelques familles.

BALDICHERIE. s. f. Vieux mot, qui signifioit ce qu’on appelle aujourd’hui brandilloire. Branches entrelacées, dont les jeunes gens se servent à la campagne pour se brandiller. Il se mit en contrepoids entre deux haies sur une baldichere, & la s’esbattoit & estoit plus aise que ung Roy. Nouvelles nouvelles.

BALDUIN. s. m. Balduinus. Ancien nom d’homme, dont s’est formé celui de Baudouin, qu’ont porté plusieurs grands hommes, & que portent encore plusieurs familles de tous les ordres. Aujourd’hui même je ne voudrois point dire Balduin, quand ce seroit en parlent de ceux qui ont porté autrefois ce nom ; je dirois toujours Baudouin. Baudouin roi de Jérusalem, Baudouin Archevêque de Cantorberi.

☞ BÂLE, ville de Suisse, capitale du canton de même nom, Basilea, située au bord du Rhin, composée de deux villes qui en occupent les deux bords, & qui sont jointes par un beau point. La grande ville est du côté de la Suisse, & la petite du côté de l’Allemagne. Elle est 25° 21′ 38″, de longitude, & à 47° 20′ 9″, de latitude. De la Hire. Tabl. Astron. L’a est long dans Bâle.

☞ Le gouvernement de la ville de Bâle est aristocratique. Elle est partagée en quinze corps de métiers, de chacun desquels on prend douze personnes qui composent le Grand Conseil, entre les mains duquel est la Souveraineté. De ce Conseil on tire soixante-quatre Conseillers, y compris les quatre Chefs. Pour l’administration de la Justice dans les affaires civiles, chacune des deux villes a sa chambre à part, avec son Avoyer à la tête : mais pour les affaires criminelles, elles sont toutes portées par-devant un Juge, qu’on nomme Prévôt impérial.

☞ Avant la première réformation il y avoit beaucoup de Noblesse dans Bâle : mais tous les Nobles furent chassés de la ville pour s’être opposés à la jonction de Bâle au corps Helvétique, & au changement de la Religion.

☞ Le Canton de Bâle, petit pays de la Suisse moderne, est borné au Midi par celui de Soleurre ; à l’Orient par le Frickgau, qui est terre de l’Empire ; au Nord par le Brisgaw ; à l’Occident par l’Alsace. Il a environ douze lieues de long, & cinq ou six de large. Il comprend sept Bailliages ou Châtellenies. Il ne faut pas confondre ce Canton où la Religion dominante est la première réformée, avec le pays qui a pour Souveriain l’Evêque de Bâle.

☞ L’Evêché de Bâle, province d’Allemagne, au cercle du haut Rhin, appartient en souveraineté à l’Evêque de Bâle, qui est prince de l’Empire. Il a pour bornes au Septentrion le Sundgau propre ; au Couchant, la Franche-Comté ; au Midi & au Levant, les terres de Cantons de Bâle, de Berne, & de Soleurre, & se trouve ainsi entre la France & la Suisse. La résidence de l’Evêque est à Porentru.

BALÉ. s. m. Vieux mot. Galerie. Il est dans le Roman de la Rose.

BALÉARES. Îles de la mer Méditerranée, près des côtes du royaume de Valence & de celles de Catalogne. Baleares, ou Balearides Insulæ. Il y a quatre principales Baléares, Majorque, Minorque, Yviça, ou Erice, & Formentera. Cette dernière est inhabitée, à cause de la quantité prodigieuse de serpens qu’il y a. Pline & Strabon assurent que les habitans des Baléares demanderent un secours de troupes à Auguste contre les lapin, qui renversoient leurs maisons & leurs arbres. Pline. Liv. III, ch. 55. Strab. Liv. III.

Tite-Live a dit que le nom de Baléares leur vient de Baleus, l’un des compagnons d’Hercule, qui y fut inhumé. D’autres prétendent qu’il vient du mot grec βάλλειν, qui signifie jeter, lancer, parce que les habitans des Baléares excelloient dans l’art de lancer des pierres avec la fronde, qu’ils avoient appris, à ce que quelques-uns prétendent, des Phéniciens, & auquel, selon Licophron & Florus, Liv. III, ch. 8. ils exerçoient leurs enfans dès la plus tendre Jeunesse, en leur exposant leur déjeûné pendu à une poutre, & ne leur donnant point qu’ils ne l’eussent abattu avec la fronde. Nicolaus Spécialis dit même, Lib. I. Rer. Sic. p. 613, du Marca hisp. que c’est dans les Baléares qu’on a inventé les Balistes. Mais les Auteurs du XIVe siècle, tel que celui-ci, ne sont pas toujours bons garants de