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BOI

☞ BOIS-DAUPHIN. Seigneurie d’Anjou, proche du Maine.

BOISDEUX. adj. Vieux mot. Traître, dissimulé. On a dit aussi Boiscor dans le même sens.

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BOISDIE. Vieux mot. Tromperie, raillerie. Il signifie aussi méchanceté, perfidie : & il est dit dans la Bible Historiaux manuscrite, de Caïn qui tua Abel :

Et l’occit par boisdie & trahison.

BOISER. v. a. Garnie de menuiserie une cheminée, un plafond, une alcove, une chambre. Tabulis vestire.

BOISÉ, SÉE. part. Tabulis vestitus. Chambre boisée. ☞ Comme adjectif, il est employé dans cette phrase, une terre, bien boisée ; pour dire, qu’elles est bien garnie de bois.

BOISERIE. s. m. Tabulatum. Ouvrage de menuiserie, où l’on emploie le bois de chêne, de sapin, ou autre, pour appliquer contre les murs d’une chambre, ou d’un appartement. Le chêne de Danemarck est le plus propre à faire de belles boiseries, parce qu’il a moins de nœuds, & moins de défauts que celui des pays plus chauds. Au reste, boiserie ne se dit que des ouvrages de menuiserie qui s’appliquent contre les murs, & nullement ou rarement de ceux qui se mettent ou au sol, ou au plafond d’une chambre ou d’un appartement. Le premier s’appelle parquetage, & l’autre lambris, ou plafond.

BOISEUX, EUSE. adj. Terme de Jardinier, qui ne se dit que des plantes qui ont quelque solidité dans leurs racines, branches & rameaux, qui sont de la nature du bois. Lignosus. Plante boiseuse, lignosa radis, racine boiseuse. Il y a un Sedon arborescens, qui est une sorte de petit arbre boiseux. Corn. Diction. des Arts.

BOISILLIER. s. m. Terme de Marine. Coupeur de bois, Matelot ou autre que l’on envoie à terre pour faire du bois. Lignator.

☞ BOIS-LE-DUC. Voyez Bolduc.

BOISSEAU. s. m. Mesure pour du grain, de la farine, du sel, des navets, de la cendre, du charbon, &c. Modius. Sous nos premiers Rois, le boisseau & toutes les mesures étoient égales en France. Charlemagne établit une nouvelle msure. C’étoit un boisseau, qui contenoit le poids de vingt livres de froment. Aujourd’hui & depuis très-long-temps, le boisseau est très-différent en France, & change presque en toutes les Juridictions. A Paris il contient quatre quarts, ou huit litrons ; & il faut trois boisseaux pour faire un minot, & quatre minots pour faire un setier de blé, & quarante-huit minots pour faire un muid. Le blé se mesure à boisseau ras, & la farine à boisseau comble. Par l’Ordonnance de 1669, le boisseau doit avoir huit pouces deux lignes & demie de haut, sur dix pouces de large ou de diamètre d’un fût à l’autre ; le demi-boisseau de huit pouces cinq lignes de haut, & huit pouces de diamètre entre les deux fûts. Semodius. Cenalis, dans son Traité des poids & des mesures, prétend que le boiseau de Paris est le tiers de l’amphore, qui contenoit dix-huit quartiers, dont le boisseau de Paris ne contient que six. Le P. Mersenne a observé que le boisseau de blé de Paris contient 220160 grains, quand il est comble, & 172000, quand il est ras. Les Romains donnoient quatre boisseaux de blé à leurs esclaves pour les nourrir ; & l’on a supputé que la mesure de ces boisseaux revenoit à celle de Paris. Il y a douze boisseaux au setier. Courtin. En plusieurs lieux, & sur-tout à Lyon, on l’appelle bichet.

Lorsque Sévère mourut, il y avoit à Rome dans les greniers publics du blé pour sept ans, à dépenser par jour septante, cinq mille boisseaux ; c’est-à-dire, pour 600 mille hommes, le boisseau Romain n’étant que pour huit personnes par jour. Tillem.

Ce mot, selon Du Cange, vient de busellus, ou bustellus, bisellus, diminutif de buz, ou de buza, qu’on a dit dans la basse latinité en la même signification. On trouve même boisselius, & boistellus, mais dans le treizième ou quatorzième siècle. Voyez Aui Sanct. Tam. II, Mart. pag. 244, c.

Les divisions ou parties du boisseau sont le demi-boisseau, le quart & le demi-quart, le litron, & le demi-litron, qui tous deux ne servent guère qu’à mesurer les menus grains, & les légumes secs. Le boisseau de Paris de bon blé froment pèse vingt livres. Le boisseau de Châlons en Champagne est plus petit que celui de Paris d’un 8e, puisqu’il en faut treize & demi pour faire le setier de Paris. Le boisseau de Vitry est de près d’un 5e plus petit que celui de Paris ; 14 & demi en font douze, ou le setier de Paris. A Troyes, Mery, Arcy, le boisseau comble, qui est la mesure dont on se sert, pese quarante livres. De la Mare. Il est donc double de celui de Paris. A Nogent, six boisseaux font le setier de Paris. Id. & par conséquent il est double de celui de Paris. A Bray neuf boisseaux sont le setier de Paris. Id. Le boisseau de Bray est donc plus grand d’un quart de celui de Paris. Provins a deux sortes de boisseaux, l’un qui sert dans le marché, que l’on nomme le boisseau du minage ; il pese 24 livres ; les dix boisseaux font le setier, & les 120 sont le muid de Paris. L’autre boisseau ne sert que dans les maisons des bourgeois ; ils le nomment le boisseau de grenier ; il tient trois demi-setier moins que celui du minage, qui est environ un seizième. Id. Ainsi le boisseau de minage, est d’un cinquième plus grand que celui de Paris ; & le boisseau du grenier de près d’un septième seulement. A Nangis le boisseau tient douze pintes, mesure de Paris. Id. Il est donc double de celui de Paris. A Melun & à Fontainebleau dix boisseaux de blé font le setier de Paris. Id. Par conséquent il est d’un cinquième plus grand que celui de Paris. A Milly le setier contient huit boisseaux mesure du pays, & pese 176 livres. Id. Donc chaque boisseau pese 22 livres. Id. C’est deux livres plus que celui de Paris. Ainsi il est d’un dixième plus grand. A Rozoy le setier tient 8 boisseaux du pays, qui font dix boisseaux & demi mesure de Paris, il pese 210 livres, & conséquemment est plus petit que celui de Paris d’un boisseau & demi. Id. Ainsi le boisseau de Rozoy pese 26 livres & demie, c’est-à-dire, six livres & demie plus que celui de Paris, & conséquemment est plus grand de près d’un tiers. A Chaume les huit boisseaux du pays font le setier, qui pese 225 livres. Id. D’où il s’ensuite que ce boisseau pese 28 livres & deux onces, c’est-à-dire, 8 livres & deux onces plus que celui de Paris, & quil est plus grand de plus d’un tiers. A Brie-Comte-Robert le setier est plus petit d’un boisseau que celui de Paris, ensorte que onze boisseaux de Paris font le setier de Brie. Id. Le boisseau de Brie est donc d’un douzième plus petit que celui de Paris. A Tournan le setier est un peu plus petit que celui de Paris ; & un peu plus grand à Dam-Martin, où le setier pese 242 livres ; c’est deux livres plus que celui de Paris, & par conséquent le boisseau 20 livres & un sixième de livre, un ⅙ de livre plus que celui de Paris, c’est-à-dire, qu’il n’est plus grand que d’une 120e. A Colommniers & à Farmoutier les huit boisseaux font le setier du pays ; il pese 200 livres, le blé qui croît en ce pays est fort bon & fort pesant. Id. Ainsi le boisseau pese 25 livres, & est d’un quart plus grand, ou du moins plus pesant que celui de Paris ; car le poids du boisseau peut venir de la pesanteur du blé. Le boisseau du Mans pese 33 livres. Le boisseau de Nevers pese 30 livres. Voilà ce que nous avons pu trouver de plus exact sur la grandeur des boisseaux. Au reste, tout cela ne se doit pas prendre dans la dernière précision, parce que le blé est plus pesant en un lieu qu’en un autre, une année qu’une autre, selon les saisons, &c. Voyez M. De La Mare. Tr. de la police, Liv. V, Tit. VIII, c. 2.

Boisseau de blé. Boisseau d’avoine. C’est un boisseau plein de cette sorte de grain. Frumenti modius.

En matière de médailles, le boisseau, d’où il sort des épics de blé & des pavots, est le symbole de l’abondance. Une médaille singulière de Caracalla, a d’un côté la tête nue de cet Empereur, avec ces mots, M. AVR. ANTONINVS PIVS AVG. P. B. G. MAX &