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des laitues, &c. Il a plusieurs piés, & marche assez vîte. Il n’y a rien que les Jardiniers ne tentent pour attraper les courtilières, parce qu’elles font beaucoup de dégât. Grillo-talpa. On a donné ce nom à cet insecte, parce qu’il fait un grand bruit comme celui du grillon, & qu’il reste sous terre comme la taupe.

☞ On prétend que pour faire périr les courtillières, il n’y a qu’à suivre avec le doigt la trace qu’elles font, trace qui est presqu’à fleur de terre, jusqu’à ce qu’on trouve un trou qui descend perpendiculairement, c’est la retraite de l’insecte. On presse le plus qu’on peut du doigt la terre contre les parois de ce trou, afin qu’elle ne s’écroule point ; ensuite on verse dans ce trou, deux ou trois goûtes d’huile quelconque ; puis on remplit le trou d’eau. Bientôt on voit sortir l’animal qui vient mourir sur le bord du trou, à moins qu’il ne soit étouffé sur le champ sous terre. Extrait des Annon. de 1759.

COURTINE. s. f. terme de Fortifications. C’est la partie de la muraille ou du rempart qui est entre deux bastions, & qui en joint les flancs. Aggeris inter duo propugnacula frons, facies, vulgo cortina. Quand l’ennemi attaque les dehors, il faut faire un grand feu sur la courtine ; c’est-à-dire, tirer par toute l’étendue de la courtine.

Du Cange dérive ce mot du latin cortina ; quasi minor cortis, ou petite cour de paysan entourée de murs : & il dit que par imitation on a ainsi appelé les murs & parapets des villes qui les renferment comme des cours. Il dit aussi que les courtines ou rideaux de lit & les voiles qui renferment les autels, ont pris leur nom de la même origine : il assure qu’on a appelé cortis, la tente du Prince ou du Général d’armée ; & que les gens qui la gardoient ont été appelés Cortinarii, Cortilini & Curtisani, d’où l’on a fait le mot de Courtisans. Voyez aussi Meursius dans son Glossaire, au mot Κορτίνα, & le Père Poussine, Jésuite, dans son Glossaire sur l’Alexiade d’Anne Comnene qui se sert de ce mot que les Grecs ont pris des Latins,

On appelle aussi le feu de la courtine, la ligne de défense qui commence à une partie de la courtine, lorsque cette partie, qui va jusqu’au flanc, sert aussi de flanc pour défendre la place du bastion opposé.

Courtine, dans l’Architecture civile, se prend pour une des façades d’un bâtiment, comprise entre deux pavillons. Muri duas inter turres frons, facies.

Courtine signifie aussi des rideaux de lit. Lecti velum. Mais en ce sens il est vieux. On le dit seulement à l’Eglise, des rideaux qui sont des deux côtés de l’autel.

Courtine, en termes de Marine, est un filet qui se tend sur les sables que la mer couvre & découvre par son flux & reflux. Retis genus. Il est fort en usage sur les côtes de Normandie.

COURT-JOINTÉ. s. m. terme de Manège, c’est le nom qu’on donne au cheval qui a le paturon court, qui a les jambes droites depuis le genou jusqu’à la couronne. Equus brevioribus suffraginibus. Les chevaux court-jointés fatiguent mieux que les longs-jointés, mais ils ne manient pas si bien.

En Fauconnerie, on appelle un oiseau court-jointé, quand les jambes sont de médiocre longueur.

COURTISAN. s. m. homme qui fréquente la Cour, qui est à la suite du Roi. Aulicus. Ce Seigneur est un sage Courtisan, un habile, un rusé Courtisan. Les Courtisans ne doivent pas dire tout ce qu’ils pensent. Les Courtisans ont un maître à adorer, & la fortune, cette bisarre, qui se joue d’eux incessamment : ne sont-ils pas plus misérables que nous autres bergers, qui n’avons à craindre que les vilains jours ? B. Rab. Les Courtisans sont les parasites des Rois. Ab. Tout ce qu’il y a de bisarre dans l’amour, ne se peut trouver en aucune autre passion, qu’en celle des Courtisans pour leur Prince. M. Scud. Il y a une grande différence entre les Courtisans de bonne foi, qui aiment le Prince, & les Courtisans intéressés, qui ne cherchent que la fortune. Id. Les Philosophes appellent, les assujettissemens de la Cour, les misères des Courtisans. Bail. Le personnage des Courtisans demande un esprit bien souple & bien rafiné. S. Evr. Les Courtisans regardent les gens de Province & les Savans avec dédain, & avec pitié. Mont. Les Courtisans sont comme les enfans de tribut, qui ne reconnoissent point de parens ; charmés de la Cour, ils ne pensent qu’à satisfaire leur ambition. Ch. de Mer. Il commença dès lors à faire voir qu’il n’est pas possible d’accorder le devoir d’un bon Courtisan, avec les obligations d’un véritable Chrétien. P. Verj.

Les Courtisans ne sont que de simples ressorts :
Sont ce qu’il plaît au Prince, ou s’ils ne peuvent l’être
Tachent au moins de le paroître ;
Peuple caméléon, peuple singe du maître. La Font.

Courtisan se dit en général de ceux qui sont exact à rendre des soins & des devoirs : ou en particulier de ceux qui rendent des respects, ou des assiduités à de Grands Seigneurs pour en obtenir quelqu’avantage. Alienæ gratiæ captator. Ceux qui ont bien des emplois à donner, à procurer, ne manquent point de Courtisans.

On nomme aussi Courtisans, les Amans des Dames, ceux qui leur comptent des fleurettes. Procus. Cette femme riche a beau être laide, elle ne manque point de Courtisans qui la veulent épouser.

☞ COURTISANE. s. f. nom que l’on donnoit aux femmes publiques chez les anciens Grecs & Romains. On les appelle encore ainsi en Italie. On donne le même nom chez nous aux femmes livrées à la débauche publique, mais qui sont un peu considérables, & qui mettent un air de décence dans un métier qui n’en est guère susceptible. Les Courtisanes sont un peu moins méprisables que les Coureuses. Meretrix. Laïs étoit une fameuse Courtisane, qui demandoit dix mille écus à ceux qui vouloient passer une nuit avec elle. Venise est le lieu du monde où il y a le plus de Courtisanes : on dit même qu’il y a 250 ans que le Sénat qui les avoit chassées, fut obligé de les faire revenir, afin de pourvoir à la sureté des femmes d’honneur, & d’occuper la Noblesse, de peur qu’elle ne méditât des nouveautés contre l’Etat. C’est pourquoi le peuple regarde les Courtisanes avec plus d’envie pour leur fortune, que d’horreur pour leur conduite. S. Didier. Elle répondit fièrement que la toilette & les ajustemens d’une Courtisane n’étoient pas propres à une reine. Fléch.

COURTISER, v. a. flatter quelqu’un, ☞ lui faire la cour pour en obtenir quelque chose. On dit dans le même sens courtiser les Dames. Alicujus benevolentiam, gratiam captare, aucupari. Il y a long temps que ce jeune homme courtise cette veuve. On courtise ce vieillard, pour être mis dans son testament. Ce verbe ne s’emploie ordinairement que dans le style familier ; cependant M. de S. Real s’en est servi avec grâce en parlant des affaires de Marius & de Sylla. Marius commença donc à courtiser le peuple, & à déclamer contre le luxe & l’orgueil insupportable des Sénateurs. De S. Real. Pasquier remarque que le premier qui s’est servi de ce mot est Olivier Maigny.

Les Achilles & les Thésées,
La-bas sous leurs tristes lauriers.
Ne sont ni plus grands, ni plus fiers,
Ni leurs ombres plus courtisées. Voit.

On dit figurément qu’un homme courtise les Muses, les neuf sœurs ; pour dire, qu’il aime à faire des vers, qu’il s’applique à la Poësie. Studiosus Poeseos.

Courtisé, ée. part.

COURT-MANCHER, v. a. terme de Boucherie.