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CAF

ceux qui savoient le mêlange, mais ceux qui ne furent point prévenus, ne s’en apperçurent point. Quelques personnes même ayant pris du café de l’Ile Bourbon, tout seul, sans le savoir, & sans être averties, ne s’apperçurent d’aucune différence.

Il est néanmoins certain que le café de l’Ile Bourbon a une légére amertume. & une petite pointe un peu plus vive que celui d’Arabie. Ce qui ne peut être qu’une bonne qualité plutôt qu’un défaut : puisqu’avec une moindre quantité de ce café long, on fait une infusion aussi colorée & aussi forte qu’avec une plus grande quantité de café ordinaire ; & si l’on veut en mettre infuser une pareille quantité, on la rend avec une dose de sucre proportionnée, tout-à-fait semblable à l’autre. M. De Jussieu a même observé que par le mêlange du lait, l’infusion de cette nouvelle espèce de café est aussi agréable que celle du café de Moka. Toutes ces observations montrent que cette nouvelle espèce peut être aussi agréable & aussi utile à la santé que l’ancienne.

Il croît aussi du café à l’Île de Java. Gaz. 1725, p. 47. On en a aussi porté à la Martinique, & en d’autre Îles de l’Amérique méridionale, où il vient fort bien.

☞ CAFETAN. s. m. Robe de distinction en usage chez les Turcs. Le Grand Seigneur envoie des Cafestans aux personnes qu’il veut honorer, sur-tout aux Ambassadeurs & à ceux qui paroissent à son audience. Acad. Fr.

CAFFA. s. f. Toiles de coton qui se fabriquent aux Indes Orientales, & qu’on achette au Bengale, l’Aunage en est inégal. Ces toiles sont peintes de diverses couleurs, & elles sont remarquables, & curieuses par une grande variété de desseins.

Caffa, ville de la petite Tartarie, sur le bord de la mer Noire, du côté de l’ancien Bosphore Cimmérien, aujourd’hui appelé le Détroit de Caffa, du nom de la ville. C’est la capitale de la Tartarie Crimée.

CAFFILA. s. f. La Caffila est proprement dans l’Empire du Roi de Perse, ce que le mot de caravane signifie dans l’Empire du Grand Seigneur. C’est une troupe de Marchands ou de Voyageurs, ou plutôt c’est une troupe composée de Voyageurs & de Marchands qui s’assemblent pour traverser avec plus de sûreté les Etats du Mogol, & autres endroits de la Terre-ferme des Indes. Il y a aussi de semblables caravanes ou Caffilas qui se forment & s’assemblent pour traverser les déserts d’Afrique, particulièrement ce qu’on appelle la mer de Sable, qui est entre Maroc & Tambouctou, capitale du Royaume de Gago. Ce voyage dest de 400 lieues, & dure deux mois pour aller, & autant pour le retour, la Caffila ne marchant que la nuit à cause des chaleurs excessives du pays.

Caffila se dit aussi des petites flottes marchandes qui partent des différens ports que les Portugais occupent encore sur les côtes du Royaume de Guzarate, & vont à Surate, ou qui reviennent de Surate aux mêmes ports ; ce qui se fait sous l’escorte d’un vaisseau de guerre que le Roi de Portugal y entretient à cet effet.

CAFFIS. s. m. Mesure dont on se sert pour les grains à Alicante. Le caffis revient à une charge & demie de Marseille, & contient six guillots de Constantinople ; ce qui revient à 364 liv. poids de marc.

CAFRE. Cafer, a. Nom de peuple qui habite une grande région de la basse Ethiopie, ou la côte Orientale & Occidentale de la pointe Méridionale de l’Afrique. Les Cafres sont les peuples de la terre que l’on connoisse les plus grossiers, & les moins hommes. Ils habitent dans des cavernes, ou sous des cabanes faites de branches d’arbres, & couvertes de nattes de jong. Ils vont nus, sont noirs, mal-faits, sales, bruteaux, sauvages presque comme des bêtes, & même quelques-uns, à ce que l’on dit, antropophages. Pour la religion, ils ont quelque vénération pour la Lune. Ils ont l’idée d’un être Souverain, qu’ils appellent Humma ; mais ils se mettent peu en peine de lui rendre aucun culte. Les Cafres sont divisés en un très-grand nombre de peuples, qui ont chacun leur Capitaine. Ils ont aussi quelques Royaumes. Leur langage n’est presque point articulé, & plus semblable aux voix des bêtes, qu’à celle des hommes.

CAFRERIE. Pays des Cafres. Grande contrée d’Afrique, qui s’étend en forme de demi-cercle autour du Royaume de Monomotapa, dont elle est séparée par une chaîne de montagnes qui sont une partie de celles de la Lune. Selon Sanut, la Cafrerie commence sous le Tropique du Capricorne au 23e degré & demi de latitude Méridionale, & descend jusqu’au Cap de Bonne-Espérance, d’où remontant vers le Nord jusqu’à la côte de Zanguebar, elle a pour bornes l’Océan Indien au levant, l’Ethiopie au couchant, le Méridional au sud, & au Nord les montagnes de la Lune qui la séparent du reste de la terre ferme. Selon Magin, & la plus commune opinion, elle s’étend seulement depuis le Couchant de Cabo-negro, jusqu’au Cap de Bonne-Espérance, & de-là jusqu’à la rivière de Magnice, ou du S. Esprit. Dans cette opinion la Cafrerie comprent environ mille lieues de côtes en longueur & depuis cinquante jusqu’à cent de largeur.

Tout ce pays est fort inculte, & particulièrement vers le Couchant & le Midi, où il est tout hérissé de montagnes. Il est plein de lions, de tigres, de rhinocéros, d’éléphans, d’ours, de cerfs, de sangliers, & d’autres bêtes sauvages. Il n’y a presque que des paturages où les habitans nourrissent une grande quantité de bétail, dont ils tirent la principale partie de leur entretien : la pêche & la chasse leur fournissent le reste, avec quelques racines & du riz qu’ils cultivent en certains endroits. L’air y est fort tempéré ; & quoiqu’un peu froid vers le Cap de Bonne-Espérance à cause des neges qui s’amassent sur les montagnes. Il est pourtant si sain par-tout, que les Cafres vivent ordinairement jusqu’à cent & cent vingt ans. On trouve sur-tout dans le Royaume de Sofola une grande quantité d’or dans les mines & le long des rivières.

☞ CAFSA. Ville d’Afrique, dans la partie du Bilagerid qui en porte particulièrement le nom, elle est ancienne & fondée par les Romains, à 40° de longitude, & à 27° 10’ de latitude.

☞ CAFTAN. s. m. Nom qu’on donne chez les Turcs & les Persans à une espèce de manteau.

CAG.

☞ CAGAYAN. Province de Luçon, l’une des Philippines, dans sa partie Septentrionale. La ville n’st point nommée Cagayan, comme quelques-uns l’ont écrit, mais la nouvelle Seville. Voyez au mot Seville.

☞ Il y a aussi dans cette province une rivière qui porte le nom de Cagayan.

CAGE. s. f. Petite loge fermée de petits bâtons d’osier ou de fils d’archal pour mettre des oiseaux. Cavea. Le perroquet est sorti de sa cage. Cet oiseau a rompu un des bâtons de sa cage.

Ce mot vient de cavia, qu’on a dit pour cavea. Men. A caveis theatralibus quibus includebantur feræ : on l’a transporté aux cages des oiseaux.

On dit figurément & burlesquement d’un homme qu’on a mis en prison, qu’on l’a mis en cage. On dit par menace à des insolens, qu’on les fera mettre en cage, pour leur apprendre à parler. En effet, il y a des prisons où il y a des cages de fer, comme dans le chateau d’Amboise. Bajazet, Empereur des Turcs, fut, dit-on, promené par Tamerlan, enfermé dans une cage. Ce Prince ne pouvant supporter cette ignominie, se brisa la tête contre les barreaux de sa cage.

On