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CON

laïque, que sur la présentation des Patrons. Le Roi confère de plein droit les bénéfices dépendans de l’Evêché, vacans en régale. Le Roi peut aussi conférer de plein droit, vice Ordinarii & vice Papæ, tous les bénéfices dont il est Collateur absolu, à cause de l’onction, & parce qu’il y a une espèce de sacerdoce annexé à la royauté. Les autres Patrons laïques n’ont en effet que la simple présentation, sans pouvoir conférer. On a même jugé que le Roi peut admettre en résignation par permutation du bénéfice électif confirmatif, & le conférer lorsqu’il en est le Collateur ordinaire. Aucun Supérieur ne peut conférer au mépris d’un Patron laïque.

Conférer signifie aussi comparer, mettre deux choses l’une en présence de l’autre, pour voir le rapport qu’elles ont ensemble. Comparare, conferre. Plusieurs Auteurs ont conféré le Droit François & le Droit Romain. Conférer les éditions, les manuscrits d’un même Auteur. On confère les diverses traductions à l’original. Quand on confère ces deux tableaux, il y en a un qui efface l’autre. Ce qui paroît beau & délicat dans la copie, est froid & languissant lorsqu’il est conféré avec l’original. Ablanc.

Conférer, v. n. signifie parler ensemble, raisonner de quel qu’affaire, de quelque point de doctrine. Il faut faire conférer ensemble ces parties & leur conseil pour les accommoder. On a ordonné que le Rapporteur conféreroit de cette affaire avec les Commissaires que le Roi a nommés. Ces Docteurs ont long temps conféré sur les questions qui leur ont été proposées. Après que les Généraux eurent longtemps conféré ensemble, il répondit. Ablanc. Pour vivre en homme, il faut conférer avec les hommes. S. Evr.

☞ Montagne s’est servi de ce mot comme synonime à contribuer, être cause. Pourquoi crains-tu ton dernier jour, il ne confère non plus à la mort qu’aucun des autres ? On ne le dit plus.

CONFÉRÉ, ÉE. part. Il a deux significations de son verbe, en latin comme en françois.

☞ CONFERVA, terme de Botanique, sorte de plante, espèce de matière cotonneuse, commune dans les eaux dormantes, & dont les filets sont trop fragiles pour être employés à aucune sorte de manufacture. Mem. de l’Acad. des Sc. 1741.

CONFÈS. adj. vieux mot, confessé.

Il voudroit moult être confès.
Il est un Chapelain ci-après.

On a dit aussi déconfès, en parlant d’un homme qui mouroit sans confession.

A CONFESSE. Locution adverbiale qui signifie confession, & se met sans régime. Ire ad confessionem, aller à confesse. Rediit de Confessione Sacrâ. Il est revenu de confesse.

☞ CONFESSER, v. a. Déclarer ce qu’on a eu tort de faire. Confiteri. On avoue la faute qu’on a faite. On confesse le péché dans lequel on est tombé. La question fait avouer le crime, la repentance le fait confesser.

Confesser Jesus-Christ, confesser la foi ; c’est faire une profession publique de la foi de J. C. Confiteri, profiteri. Confesser de cœur & de bouche.

Oui, malgré les obscurités
Qui nous cachent tes vérités,
Mon cœur n’en doute point, ma bouche les confesse.

Confesser signifie quelquefois reconnoître une vérité particulière, demeurer d’accord. Confessez ce qui en est. Un brave se confesse vaincu, quand il demande la vie. Les promesses & quittances commencent ainsi : Je soussigné, reconnois & confesse avoir reçu, devoir, ou promets payer, &c. Confessez ingénument, avouez que vous avez tort. On dit en style populaire qu’un homme confesse la dette quand il reconnoît qu’il a tort.

Confesser signifie aussi déclarer ses péchés, soit à un Prêtre dans le Sacrement de Pénitence, soit à Dieu seul, dans une prière particulière. Sacerdoti sua peccata aperire, peccata Sacerdoti, Deo confiteri. On confesse à un Prêtre les péchés dans lesquels on est tombé. En ce sens, il est aussi réciproque. Il faut se confesser premièrement à Dieu. C’est un des Commandemens de l’Eglise, de se confesser à Pâques.

Confesser se dit aussi du Prêtre qui entend la déclaration que fait un pénitent de ses péchés. Ce Curé confesse presque toute sa paroisse tout seul. Audire confitentem peccata. Audire confessionem alicujus.

☞ Le Prêtre confesse le pénitent, mais il ne confesse point les péchés du pénitent, c’est-à-dire, qu’on ne peut pas dire qu’un Confesseur a confessé les péchés d’un homme, pour signifier qu’il les a entendus à confesse. Ainsi un de nos Poëtes s’est trompé, & a parlé contre l’usage, quand il a dit :

D’un jeune gars contrit à deux genoux,
Frere Rémi confessoit les péchés.

Il n’y a de droit que le Pape qui puisse confesser dans toute l’Eglise, l’Evêque dans tout son diocèse, & les Curés chacun dans leurs paroisses ; mais d’autres peuvent confesser par permission, & ce n’est qu’au Pape & aux Evêques à donner cette permission. Il n’y a que les Prélats & les Curés qui puissent confesser, ou ceux qui en ont d’eux la permission.

Il ne suit pas cependant que les Curés puissent aussi bien approuver un Prêtre pour confesser que les Evêques ; & que l’approbation de l’Evêque diocésain ne suffise pas, si elle n’est confirmée par le Curé ; car il est constant qu’un Evêque peut confesser lui-même & approuver quel Prêtre il voudra pour confesser dans la paroisse d’un de ses Curés, non-seulement à son insu, mais même malgré lui.

On dit proverbialement : C’est le diable à confesser pour dire, que ce qui reste à faire d’une chose, est le plus difficile, ou que c’est le hic ou le nœud de l’affaire. ☞ On dit aussi qu’un homme se confesse au renard, quand il fait confidence d’une chose à quelqu’un qui a intérêt de s’opposer au succès.

CONFESSÉ, ÉE part : On dit au Palais que des faits sont tenus pour confessés & avérés, lorsqu’un homme a refusé de répondre sur des faits & articles qu’on lui a fait signifier pour le faire interroger, & qu’il a été suffisamment contumacé. Ces jugemens ne sont pourtant la plûpart du temps que comminatoires. Confès s’est dit autrefois pour confessé.

On dit aussi dans les Bulles apostoliques, qu’elle accorde indulgence à tous Fidèles dévotement confessés & communiés, &c.

CONFESSEUR. s. m. dans l’usage de la primitive Eglise, Chrétien qui a professé hautement & publiquement la foi de Jesus-Christ, qui a enduré des tourmens pour la défendre, & qui est prêt de souffrir le martyre pour la soûtenir. Fidei Christianæ defensor, propugnator. Un Saint s’appelle Confesseur, Confessor, pour le distinguer des Apôtres, Evangélistes, Martyrs, Prélats, Docteurs ou Vierges. Il y a un Office commun des Confesseurs dans le bréviaire. Dans l’Histoire Ecclésiastique, on a appelé premièrement Confesseurs, les Martyrs qui avoient souffert la mort en confessant Jesus-Christ. Ensuite on a donné ce nom à ceux qui, après avoir été tourmentés par des tyrans, ont vécu & sont morts en paix. On les honoroit aussi du titre de Martyrs. Enfin on a appelé Confesseurs, ceux qui, après avoir bien vécu, sont morts en opinion de sainteté. Baronius, au second de Janvier, & Bollandus après lui, Tome I. Janv. p. 84, remarquent que les Anciens ne donnoient le