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nom de Confesseurs, qu’à ceux qui, interrogés par les ennemis du Christianisme, avoient devant eux confessé leur foi ; que s’ils avoient souffert quelques tourmens pour cela, on les appeloit Martyrs, & quelquefois aussi Confesseurs ; & que, quoique ces deux mots, à proprement parler, signifient la même chose, on les distinguoit cependant ainsi dans l’usage, comme il paroît par Tertulien, S. Cyprien, &c. Les épitres 7, 9, 10, 15, 30, 35, 52 & 81 de S. Cyprien en font foi ; & Pamelius fait la même remarque sur l’épitre 9e de ce Saint. Celui qui se présentoit au martyre de lui-même & sans être cité, on ne l’appeloit point Confesseur, selon S. Cyprien, mais Professeur, Professor. Si quelqu’un, par la crainte de manquer de courage & de nier la foi, abandonnoit son bien, son pays, &c. & s’exiloit lui-même volontairement, on l’appeloit Extorris, exilé. Dans la suite l’usage a donné le nom de Confesseur, & on le donne encore à tous ceux qui ayant mené une vie sainte & chrétienne, meurent comme ils ont vécu ; & on le leur donne, parce que c’est là confesser Jesus-Christ par ses œuvres & par ses actions.

Quelques Conciles ont aussi appelé Confesseurs, les Chantres & Psalmistes des Eglises, parce qu’en langage de l’Ecriture, confiteri, c’est chanter les louanges de Dieu.

Confesseur est aussi un Prêtre séculier ou religieux, qui a pouvoir d’ouir les Chrétiens dans le Sacrement de Pénitence, & de leur donner l’absolution. Sacerdos qui confitentes audit, confessiones excipit ; Sacramenti Pœnitentiæ administer, l’Eglise l’appelle en latin Confessarius, pour le distinguer de Confessor, qui est un nom consacré aux Saints. Un Confesseur doux, commode, indulgent. Un Confesseur rude, sévère, rigide, habile, prudent.

☞ CONFESSION. s. f. Confessio. Déclaration que l’on fait de quelque chose. Déclaration que l’on fait de la vérité. La Confession tient un peu de l’accusation. On confesse ce qu’on a eu tort de faire. La repentance le fait confesser. Une Confession qui n’est pas accompagnée de repentir, n’est qu’une indiscrétion insultante. M. l’Abbé Girard. Syn. Voyez Aveu.

☞ On dit, en termes de Droit, diviser la Confession ; pour dire, prendre une partie de ce qu’un homme confesse & rejeter l’autre. Ac. Fr. C’est une maxime qu’en matière civile on ne doit pas diviser la Confession, il la faut prendre toute entiere.

Confession est aussi une déclaration qu’on fait à un Prêtre de tous ses péchés, pour en recevoir l’absolution. Peccatorum Sacerdoti facta confessio : conscientiæ per sacram confessionem perpurgatio. La Confession des péchés est une des parties du Sacrement de Pénitence. Tout le séjour de Saint Paul à Ephèse, fut d’environ trois ans : Plusieurs des Fidèles venoient confesser leurs péchés : exemple remarquable de Confession après le Baptême. Fleuri. La Confession des seuls péchés publics & très-griefs se faisoit autrefois publiquement ; maintenant elle est auriculaire. Il faut que toutes les grandeurs s’humilient devant le tribunal de la Confession. Les Confessions doivent être ensevelies dans un éternel silence, sous peine du dernier supplice contre qui sera convaincu de les avoir révélées. Ne cherche-t’on pas quelquefois dans ces Confessions froides & historiques, le soulagement de la conscience, plûtot que l’amendement de la vie. Fléch. Dans vos Confessions précipitées vous n’examinez que la surface de l’ame. Id. Le sceau de la Confession doit être inviolable. L’Abbé Boileau a fait en latin l’histoire de la Confession auriculaire. Les Théologiens Catholiques & les Controversistes, comme Bellarmin, Valentia, &c. ont démontré la nécessité & l’usage de la Confession auriculaire & détaillée des péchés, depuis les premiers siècles. Le Pere Mabillon réfute Daillé sur cela, Acta SS. Bened. Sæc. III, P. I, p. lx, &c. où l’on trouvera beaucoup de choses utiles sur cette matière. S. Eloi étant venu en âge mûr, & voulant mettre sa conscience en repos, confessa devant un Prêtre tout ce qu’il avoit fait depuis sa jeunesse. C’est le premier exemple que je sache de Confession générale. Fleury. Hildebold, Evêque de Soissons, se trouvant dangereusement malade envoya sa Confession par écrit à Hincmar son Métropolitain, lui demandant des lettres d’absolution ; Hincmar les lui envoya, mais en l’avertissant, qu’outre cette Confession générale, il devoit, comme il ne doutoit point qu’il n’eût déjà fait, se confesser en détail à Dieu & à un Prêtre, de tous les péchés qu’il avoit commis depuis le commencement de sa vie. Par où l’on voit qu’outre la Confession générale, c’est-à-dire, faite en général, & sans spécifier aucun péché, telle qu’étoit celle d’Hildebold, il est nécessaire d’en faire une particulière, détaillée, & de tous ses péchés, à un Prêtre. Hincmar appelle aussi Confession générale, une Confession faite en général, & sans spécifier aucun péché, telle qu’est celle que l’on fait à la Messe & dans l’Office Divin, en récitant le confiteor. Plusieurs Théologiens ont traité du secret de la Confession. Lanfranc, Archevêque de Cantorbery, de celanda Confessione. Dominique Soto, dans un Traité du secret. Malderus, de Sigillo Confessionis sacramentalis, en 1626 à Anvers. Lochon en 1708 en François, Langlet en 1715. Traité Historique & dogmatique du secret inviolable de la Confession.

C’étoit une ancienne coutume en quelques endroits de la France, & en particulier à Paris, de ne point donner de Confesseur à ceux qu’on conduisoit au supplice ; de même qu’aujourd’hui encore on ne leur accorde point la Communion. Le Concile de Vienne condamna cet usage ; & le Pape Grégoire XI écrivit à Charles V pour le faire abolir ; mais inutilement. Le Seigneur de Craon sollicita la chose si fortement, qu’il l’obtint de Charles VI, & l’on en publia l’ordonnance : mais de plus il fit élever auprès du gibet de Paris un crucifix de pierre avec ses armes, & c’étoit au pié de cette Croix que long tems depuis les criminels avoient coutume de se confesser avant de subir la mort. Il donna un fonds aux Cordeliers de Paris en les chargeant à perpétuité de cette œuvre de miséricorde. Cet usage avoit cependant encore subsisté en quelques endroits, & l’on en trouve des exemples jusqu’à la fin du XVIe siècle.

Les Indiens ont aussi chez eux une espéce de Confession & de Pénitence publique. Voyez Tavernier. Les Juifs ont aussi une espèce de Confession dont ils ont dressé des formules pour ceux qui ne sont pas capables de faire le détail de leurs péchés. Ils en ont d’ordinaire un composé selon l’ordre de l’alphabet : chaque lettre renferme un Péché capital, qui se commet le plus fréquemment. Ils font cette Confession ordinairement le lundi & le jeudi, & tous les jours de jeûne. Ils la répètent plusieurs fois, en particulier au jeûne des pardons ; de plus, lorsqu’ils sont malades, ou en péril évident : quelques-uns la disent tous les soirs avant de se coucher, & tous les matins quand ils se lèvent. Lorsque quelqu’un d’eux se voit près de la mort, il mande dix personnes, plus ou moins, selon sa volonté, dont il faut qu’il y en ait un qui soit Rabin ; & en leur présence ils récitent la Confession dont on vient de parler. Voyez Léon de Modene, Part. 5. des cérém. des Juifs, Chap. 5 & 6. Ceux que Saint Jean baptisoit confessoient leurs péchés, comme il est marqué expressément au chap. 3 de S. Matth. v. 6, & au chap. 1. de S. Marc, v. 5.

Comme la Confession est une partie de la Pénitence, le nom Confession s’est dit autrefois pour Pénitence ; & parce que l’habit & la profession monastique sont un état de pénitence, on a pris aussi Confession dans ce sens ; & un Auteur de l’Histoire Ecclésiastique l’y a pris de même depuis peu en notre langue, mais en l’expliquant : car ce mot n’a point ce sens aujourd’hui en France. Ramit II