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COU

tôt, au lieu que dans l’ordinaire on pousse sa bille, & on la conduit avec le billard. On joue à coup sec de crainte de billarder. Lorsque la bille tient du fer on est obligé de jouer à coup sec ou de bricole.

Coup se dit figurément de ces afflictions imprévues qui sont comme des traits qui nous percent le cœur. Funestus, fatalis, infelix casus. La nouvelle de la mort de sa femme fut un coup mortel pour lui. Quand ce favori apprit la nouvelle de sa disgrace, ce fut un coup de foudre qui l’abattit.

☞ On dit, dans le même sens, un coup de massue, événement imprévû, étonnant, accablant, &c. Cette nouvelle a été pour lui un coup de massue. Coup de foudre est plus noble.

Coup se dit aussi des atteintes & des blessures que causent les passions. Ictus, plaga, vulnus.

Non, mortels déplaisirs, je ne crains point vos coups. Voit.

Ah ! de quel coup me percez-vous le cœur ? Racine.

Le chagrin me dévore, & mon ame abattue,
Sans force, sans secours, cède au coup qui la tue. La Suze.

L’amour me fait sentir ses plus funestes coups. Racine.

Vos regards sont mortels, leurs coups sont redoutables. Id.

Coup se dit encore figurément des traits satyriques, ou des attaques qui se font par le discours. Petitio, ictus, maledictum. Cette femme donne toujours quelque coup de bec à sa rivale. Ce Satyrique donné toujours quelque coup de dent, quelque coup de pinceau à son ennemi.

On dit, en Morale, qu’une chose porte coup ; pour dire, qu’elle est importante, qu’elle tire à conséquence. Opus, facinus aliquod magni momenti, &c.

On dit, en Mâçonnerie, qu’un mur prend coup ; pour dire, qu’il fait ventre, qu’il n’est plus à plomb. Casum, ruinam minari.

Coup se prend aussi adverbialement. Une ville en Suisse est fondue tout-à-coup, en un moment. Repentè, subitò. Personne ne devient scélérat tout d’un coup. S. Réal. Nemo repente fuit turpissimus. Il lui vint cette année deux successions tout-d’un-coup ; c’est-à-dire, en même-temps. Eodem tempore. Tout-à-coup marque mieux que tout-d’un-coup, que la chose est arrivée brusquement ; & dans l’instant même, & qu’il y a de la surprise ; c’est pourquoi il ne faut pas les employer toujours indifféremment. Comme on ne va pas tout-d’un-coup à la corruption entière, il y eut un passage de l’honneur à l’intérêt. S. Evr. Le plus grand mal dans le renversement des grandes fortunes, c’est qu’il arrive tout-à-coup. Port-R. Souvent les malheurs sont enchaînés & arrivent coup sur coup ; c’est-à-dire, immédiatement l’un après l’autre. A ce coup il se faut réjouir ; c’est-à-dire, en cette occasion. Nunc autem. Cela ne vient qu’après coup ; pour dire, quand on n’en a plus que faire, quand on fait déjà une chose. Præposterè. Il a tiré, il a joué à coup perdu, nullum in scopum ictum dirigens ; c’est-à-dire, sans viser à aucun but certain. Il arrive à tous coups ; c’est-à-dire, fort souvent, &c. singulis momentis.

Coup. (Encore un) Façon de parler dont Racine fait souvent usage, condamnée par Voltaire comme trop familière & presque basse. La critique n’est-elle pas un peu trop rigoureuse. On s’en sert principalement lorsqu’on répète avec vivacité ce qu’on a déjà dit ; encore un coup, je vous dis que cela n’est pas vrai. Iterùm.

Coup & à Coup s’est dit autrefois adverbialement pour, à présent, en ce moment. Nunc, hoc ipso tempore.

☞ COUPABLE, adj. de t. g. souvent employé substantivement, qui a commis une faute, un crime une mauvaise action. Sons, nocens. Il semble que la justice de Dieu ne peut permettre que l’innocent serve de victime pour expier le crime des coupables. Cl. Celui qui boit & mange indignement ce pain, se rend coupable du sang du Seigneur. Peliss. Celui qui se sent coupable, prend pour lui tout ce qu’on dit. S. Real. Nous diminuons l’idée de nos défauts en les regardant comme communs à bien d’autres, & en nous cachant dans la foule des coupables.Nicol. J’avois trop d’intérêt moi-même à votre innocence pour en douter, & si je vous avois trouvée coupable, j’en eusse été bien puni le premier. Voit. Un coupable puni est un exemple pour la canaille ; un innocent condamné est l’affaire de tous les honnêtes gens. La Bruy. La bonne foi qui accompagne l’ignorance excuse le coupable, & ôte un degré d’atrocité.

L’absence des remords est dans un cœur coupable.
D’un Tyran achevé la marque indubitable. Quin.

Une coupable aimée est bientôt innocente. Moll.

De l’intérêt du Ciel pourquoi vous chargez-vous ?
Pour punir le coupable a-t-il besoin de vous ? Id.

Corneille a dit dans Héraclius.

.......Mon nom seul est coupable
Il conspira lui seul.......

☞ On ne peut pas dire qu’un nom a conspiré, bien moins encore qu’il a conspiré seul : mais, mon nom seul est coupable, est, dit Voltaire, une très-noble hardiesse d’expression.

Coupable se dit, en jurisprudence, d’un accusé convaincu. L’accusé ne peut être qualifié coupable ou criminel, que quand il est convaincu du crime qu’on lui impute ; jusque-là il n’est qu’accusé.

On dit proverbialement que l’innocent pâtit souvent pour le coupable, le bon pour le mauvais.

COUPANT, ANTE. adj. qui coupe, qui tranche. Secans, incidens. Les Chirurgiens rapportent que cette plaie a été faite par des instrumens coupans & tranchans.

Coupant. s. m. pièce d’or ou d’argent du Japon, C’est aussi un petit poids, dont on se sert dans l’île de Bornéo, pour peser les diamans.

COUPANS. Ce mot se trouve dans Pomey, pour signifier les bords des deux côtés de l’ongle du sanglier. Aprariæ soleæ cultellata latera.

COUPARA. s. f. Espèce de Laque.

COUPÉ, pas de danse. Voyez Coupé participe.

COUPE. s. f. séparation d’un corps solide, continu en plusieurs parties. Cæsio, cæsura.

Coupe se dit aussi de cette même séparation qu’on fait pour essayer & découvrir la bonne ou mauvaise qualité d’une chose qu’on coupe. Je ne veux acheter les melons qu’à la coupe. On connoît la bonté du drap à la coupe. On n’a pû découvrir la fausseté de cette monnoie qu’à la coupe.

Coupe signifie aussi l’art & la manière de tailler les pierres & plusieurs autres choses. Sectio. Le Père Déran, Jésuite, a fait un beau Traité de la Coupe des pierres. Philibert de Lorme en a aussi écrit moins amplement. ☞ Les pierres se cassent à la coupe, si on n’entend bien la coupe. On le dit aussi de l’endroit par où l’étoffe est coupée, cette étoffe est belle à la coupe. On dit aussi qu’une étoffe est